Il y a autant d’entrées possibles dans le travail de Pierrick Sorin que de regards et d’âges. À celle, précisément, du patio du Musée d’arts, un triptyque sur écran de verre. Spray, mousse et raclette : poignet souple, regard concentré, l’artiste dessine face à nous des arabesques sur la largeur des trois panneaux géants. Va et vient. Arrête. Efface tout. Essaye autre chose. Et recommence. L’irruption de la couleur est un régal. Après tout, laveur de carreaux et peintre ont en commun l’art du geste et le sens de la lumière. Peindre et nettoyer ou la volonté à l’œuvre – titre de la vidéo et une des trois œuvres créées pour l’occasion, est une belle intro à la rétrospective, intitulée Faire bonne(s) figure(s).

Vidéaste, metteur en scène d’opéra et tutti quanti, l’artiste joue de toutes les techniques visuelles. Avec une prédilection pour l’hologramme. On retrouve un petit Sorin gauche à la Monsieur Hulot - « Je suis un inadapté » dit-il quelque part - en 3D animée, seul ou démultiplié, dans des maisons de poupée, des décors à la Jules Verne, voire dans un aquarium au milieu de poissons. Les saynètes naviguent entre fragilité et précision obsessionnelle, poésie et autodérision. Il y a aussi ses films d’étudiant, projetés sur un mur. Dans l’un, il chante avec application en playback sur une voix d’enfant (la sienne). Art de l’enfance, enfance de l’art et trompe-l’œil à tous les étages.

Entre une bûche de pain et une douche froide, on est devant une porte fermée et un œilleton. À vous de voir. Au fait, Derrière la porte est aussi l’intitulé de surprises annoncées à compter du 1er juillet à son atelier nantais qu’il ouvre au public tout l’été. Enfin, Pierrick Sorin a disposé aux quatre coins de la chapelle de l’Oratoire les bricolages optiques et sonores de son Balai mécanique. Hommage, cent ans après Le Ballet mécanique, film à l’esprit surréaliste du peintre Fernand Léger.

Jusqu’au 1er septembre. Infos: www.museedartsdenantes.fr