Yara a réussi au moins un exploit ici à Montoir, c’est de se mettre à dos quasiment tout le monde. Depuis dix ans maintenant, la DREAL, la préfecture, les élus locaux, les syndicats et les associations environnementales empressent Yara de respecter les normes environnementales sur le site de production d’engrais situé sur le port de Saint-Nazaire. Malgré les alertes d’un côté, les aides publiques de l’autre, la direction du groupe joue le bras de fer permanent pour continuer à produire coûte que coûte, en dépit des règles environnementales, mais surtout au détriment des salarié.es et sous-traitants du site ainsi que des riverains organisés depuis en associations.

La pression face à ce mépris monte d’un cran supplémentaire à la rentrée 2023 avec des manifestations appelant à la fermeture administrative de Yara. La réponse de Yara ne s’est pas faite attendre, le 30 novembre, la direction annonce un PSE concernant 139 personnes sur les 172 employé.es actuellement sur le site et sa volonté de transformer le site en simple plateforme d’approvisionnement.

Les salarié.es sont écœurés mais à peine surpris de l’attitude du groupe. Après des années, tenus en étau entre une direction menaçante et une pression extérieure stigmatisante, c’est la honte pour beaucoup d’être assimilés à cette image, mais c’est aussi et avant tout leur gagne-pain quotidien. Face à cette situation, les élue.es du CSE avec le soutien des salarié.es se retroussent les manches, relèvent la tête et travaillent à un projet à partir de leurs connaissances de l’outil de travail, des besoins de leurs clients (agriculteurs) et du respect de leur santé et de l’environnement. C’est cette démarche, c’est ce projet que nous soutenons, pour l’emploi et la santé des salarié.es, pour la souveraineté alimentaire, pour l’environnement.
 
Rappelons en premier lieu que Yara est une multinationale à la santé financière solide (près de 8 Milliards de dollars de bénéfices sur quatre ans), détenue à plus de 40 % par l’État norvégien et les fonds de pension de son gouvernement. Numéro 1 mondial de l’engrais, Yara fait la pluie et le beau temps sur le secteur. La situation d’aujourd’hui est ubuesque, Yara est prêt à mettre 80 millions d’euros sur la table pour transformer un site de production en dépôt.
 
De leur côté, les salariés, pour un même investissement, modernisent l’outil, respectent les normes environnementales à la production et orientent les produits vers l’engrais décarboné de la production au champ. Tu casses tu répares… tu pollues tu nettoies… Alors que la fermeté, la loyauté, le patriotisme semblent animer le gouvernement, sur le terrain impossible pour les syndicats de rencontrer un ministre (Industrie, Finances…), tout au mieux des hauts fonctionnaires chargés des restructurations. Le gouvernement doit recevoir sans délai ses élus du personnel, responsables, lucides et dévoués pour la préservation de leurs emplois mais surtout pour le respect des normes de production et le respect de toute la chaîne de production de notre nourriture.
 
Quand le motif économique du PSE est douteux, le politique doit intervenir et demander des comptes précis, doit appréhender la stratégie court-termiste de Yara, y voir le virage amorcé vers la production d’ammoniac privilégiée en Amérique du Nord. Comment Yara justifie la baisse des ventes des engrais complexes après en avoir fait tripler le prix de vente sur le dos de l’instabilité internationale et européenne ? Comment les pouvoirs publics peuvent expliquer que dans le même temps les importations d’engrais simples produits en Russie ont presque doublé malgré les sanctions économiques ? La souveraineté alimentaire, qui fait consensus dans tous les discours se heurte à des réalités bien plus tenaces puisque 80 % de l’engrais est importé aujourd’hui et on accepterait de fermer encore des sites industriels.
 
L’urgence est à l’écoute des salariés concernés qui n’ont comme seule boussole l’intérêt général, la protection de la santé et de l’environnement. Ce sont des lanceurs d’alerte qu’il faut entendre après des années réduites au silence. Ils ont aujourd’hui un projet qui respecte leur dignité, leur santé au travail, les normes environnementales, la souveraineté alimentaire, quel risque prend-on à soutenir cette démarche ?
 
Nous appelons évidemment l’industriel et le gouvernement à prendre leurs responsabilités. Nous rappelons notre soutien indéfectible aux salariés et à leur projet et invitons les forces progressistes et environnementales à se saisir des enjeux et élargir le champ des possibles pour pousser à la réflexion et à l’action.

 


Les signataires :

Robin Salecroix, Secrétaire départemental du PCF, Vice-Président de Nantes Métropole,
Véronique Mahé, Conseillère régionale PCF,
Cédric Turcas, Conseiller municipal de St Nazaire PCF,
Aymeric Seassau, Responsable national du PCF en charge de l’industrie,
Marie-Christine Delahaie, Conseillère municipale de Montoir de Bretagne PCF,
Alain Desmars, Conseiller municipal de Trignac,
Malorie Pennanec’h, Conseillère municipale de Montoir de Bretagne,
Yannick Joly, Syndicaliste ports et docks du GPMNSN,
David Dousset, Syndicaliste ports et docks du GPMNSN,
Valérie Villemaine, Syndicaliste ports et docks du GPMNSN,
Yvon Renevot, Conseiller municipal de St Nazaire PCF,
Damien Girard, Syndicaliste St Nazaire,
Philippe Nicolas, Syndicaliste Yara,
Mathieu Lacroix, Syndicaliste Yara,
Sébastien Fulgheri, Syndic