Le projet de loi sur la fin de vie est arrivé à l’Assemblée nationale le 27 mai dernier, soit presque deux ans après que le « Comité consultatif national d’éthique » a rendu son avis et plus d’un an après la fin de la « Convention citoyenne pour la fin de vie ». Il aura donc fallu du temps pour rédiger ces 21 articles, mais c’est tout de même moins que le temps nécessaire pour rédiger les décrets d’application de la loi de 2016 sur les mêmes sujets, qui ne sont pour certains toujours pas parus.

La décision concernant la fin de vie est une aspiration légitime aujourd’hui pour ceux atteints d’une maladie incurable et pour leurs proches, qui doivent faire face à des souffrances parfois insupportables en attendant une mort libératrice. Après de nombreux atermoiements, le gouvernement se tourne enfin vers les parlementaires, et l’enjeu pour l’Assemblée nationale est maintenant de proposer un texte où le choix de l’aide à mourir est clair.

Cependant, ce n’est pas si simple lorsqu’on regarde les chiffres. Ainsi, sur les 300 000 personnes qui auraient besoin chaque année de soins palliatifs, seule la moitié y aurait vraiment accès. Avec un système de santé à bout de souffle, une pénurie de médecins, d’infirmières et des fermetures de lits voire de services entiers, certains parlementaires craignent que l’accompagnement des malades en fin de vie ne soit pas à la hauteur du choix qui doit leur être proposé. 

Une loi dans un système de santé de plus en plus libéral pourrait entraîner des dérives très éloignées de la liberté de choix que devrait représenter ce nouveau progrès pour les citoyens.

Les députés communistes proposent déjà depuis plusieurs mois que l’accompagnement vers la mort reste en dehors du marché, dans le cadre du service public, avec des professionnels de santé uniquement soucieux de l’intérêt des malades. Cette condition contribuerait à empêcher que le débat sur la fin de vie ne soit confisqué par les forces réactionnaires ou intégristes qui sont déjà très actives pour empêcher cette liberté de choix.