La réalité de la réforme des retraites de l’année dernière démontre avant tout une paupérisation des seniors. Si le calendrier de mise en place est effectif depuis le premier septembre 2023, les mesures complémentaires qui devaient apporter des garanties supplémentaires pour le niveau de vie des seniors sont toujours en attente d’application. Ces mesures concernent notamment une meilleure prise en compte pour les travailleurs cumulant emploi-retraite, le minimum pension et l’extension des droits pour les travailleurs en situation de handicap.
Les retraités s’appauvrissent. L’augmentation des pensions de 5,3 % au début de l’année 2024 n’est pas suffisante pour faire face à l’inflation et à leur perte de pouvoir d’achat. Voilà maintenant que le gouvernement se questionne aussi sur une possible désindexation des retraites en tant qu’outil de régulation des dépenses publiques. Les fameuses économies recherchées par Bruno Le Maire pourraient donc atteindre une nouvelle fois les plus précaires. Sous la présidence de Macron, Édouard Philippe avait déjà eu recours à ce procédé en 2019.
Les négociations sont au point mort entre les syndicats et le Medef sur la création d’un nouveau pacte de la vie au travail. Alors que seules 35 % des personnes de plus de 60 ans sont encore en emploi, l’objectif fixé par le gouvernement d’augmenter de 5 % par an le taux d’emploi des 60-64 ans ne peut être réalisable sans de réelles garanties sur la protection des travailleurs. Dans le cadre des négociations sur l’emploi des seniors c’est d’ailleurs ce qu’a rappelé Nathalie Bazire, de la Cgt : « Nous pensons que l’atteinte de l’objectif doit passer par des négociations de branches obligatoires, assorties de sanctions financières représentant 1 % du chiffre d’affaires pour les entreprises ayant refusé de signer des accords. »
Au-delà de revendiquer le retour de la retraite à 60 ans à taux plein, il est également plus que nécessaire d’aménager les fins de carrière et ce afin d’empêcher les entreprises de licencier des seniors, d’éviter toute discrimination liée à l’âge, de prévenir la pénibilité et l’usure professionnelle et d’adapter le temps de travail pour permettre un départ à la retraite en bonne santé.
Le 22 avril dernier, un nouveau dispositif de cessation anticipée d’activité a été signé entre la direction de la Sncf et les syndicats Cgt, Cfdt, Sud-Rail et Unsa. L’accord propose de scinder la fin de carrière en deux périodes. La première où l’employé reste en activité avec 100 % du salaire et une seconde période où il part à la retraite tout en restant payé par l’entreprise à 75 % du salaire. Les périodes vont de 18 à 36 mois en fonction de la pénibilité des métiers. Contrairement à l’ancien dispositif de cessation progressive d’activité qui n’était utilisé que par seulement 12 % des employés, cette évolution devrait concerner une plus grande partie du personnel de la Sncf. Une manière indirecte d’atténuer l’application de la réforme des retraites.
En réaction, Bruno Le Maire s’est montré particulièrement insatisfait de cet accord, réalisant au passage que d’avoir transformé le ministère des transports en simple tutelle a sûrement réduit l’implication du gouvernement dans la gestion de la Sncf. De son côté, le ministre délégué chargé des transports, Patrice Vergriete souligne le fait que la Sncf a le droit de signer un accord d’entreprise comme n’importe quelle entreprise française...