En décembre dernier, dix jours avant les fêtes de Noël, le préfet de la Loire-Atlantique interdisait la pêche des coquillages, que ce soit à titre professionnel ou de loisir, en provenance de la zone Nord de la baie de Bourgneuf. Six mois après, la rédaction des Nouvelles a décidé d’aller à la rencontre de Christophe Chouquet, ostréiculteur qui fournit chaque année près de 30 000 huîtres pour la fête de l’Humanité.

Situé à Bouin, Christophe n’a pas été directement touché par l’interdiction, mais l’effet médiatique a tout de même fait baisser ses ventes de 20 %. Heureusement, il vend essentiellement ses huîtres au détail et possède également un parc dans le Finistère. Les vendeurs ont donc pu expliquer clairement la situation, car toute la baie de Bourgneuf n’était pas totalement fermée.

En effet, c’est la partie Nord qui est la plus sensible vis-à-vis des pollutions bactériologiques et des norovirus, en raison du débordement des réseaux d’assainissement lors de fortes pluies.

La partie Sud est protégée par les marais qui jouent le rôle de tampons. Plusieurs secteurs se sont fortement urbanisés sans que les capacités de traitement des eaux usées aient suivi. De plus, les réseaux sont anciens et poreux, ce qui fait que l’eau pluviale entre dans les réseaux d’eaux usées, provoquant des déversements d’eau non traitée qui peuvent contaminer les huîtres.

Pornic Agglo (dont c’est la compétence) a rapidement compris les enjeux, tant pour les ostréiculteurs que pour les eaux de baignade et a mis en place pour trois ans une station mobile d’une capacité de 3 000 m³/jour, portant ainsi sa capacité de traitement à 11 000 m³/jour, loin des 22 000 nécessaires, mais permettant de diminuer les risques en attendant d’autres solutions. Pornic Agglo a débloqué en urgence un budget supplémentaire de 10 millions d’euros pour résorber les problèmes.

Si la filière salue la prise de conscience, elle est toujours dans l’attente du retour des clients échaudés et de la remontée des prix. Pour les producteurs les plus touchés, il n’y a pas d’indemnité en vue pour le moment, mais une simple exonération du paiement de la redevance domaniale. Cette mesure est insuffisante, car les huîtres invendues ont continué de grandir. Il faudra décider entre les vendre à perte ou les détruire si elles ne trouvent pas preneur. 

Le processus d’interdiction par la préfecture et le traitement médiatique sont également pointés du doigt par la filière qui souhaite ne plus être informée par la presse et que des seuils soient définis afin que le simple soupçon ne soit plus la norme.