C’est la période des déclarations des revenus 2023. Quel bilan peut-on tirer de la mise en place du prélèvement à la source ?
Le prélèvement à la source (PAS) s’opère par des tiers collecteurs privés en lieu et place de l’État (l’employeur, les caisses de retraite ou les allocations chômage). Tous les mois l’administration fiscale transmet le taux applicable aux collecteurs afin qu’ils puissent appliquer celui reflétant la situation la plus récente. Ils disposent alors d’un délai de 60 jours pour l’appliquer. Et c’est là que ça peut coincer en cas de nouvel employeur par exemple, si le taux précédent était plus élevé, le remboursement du trop perçu ne se faisant qu’un an après. Le PAS a été un prétexte pour supprimer des postes d’agent des finances publiques. L’administration fiscale diligente des poursuites contre les employeurs qui ne reversent pas ce PAS à l’État au même titre que la TVA. Mais pas de bilan sérieux à ce stade à ma connaissance sur ce qui s’évapore. 

Stanislas Guérini a annoncé vouloir engager un débat sur le statut de la fonction publique. Comment ont réagi les agents à cette annonce ?
Ces annonces ont fait le buzz et participent du bashing anti-fonctionnaires. Elles constituent une attaque très grave contre le statut. La fin des catégories A B C, c’est la fin des grilles donc de l’avancement salarial régulier et transparent. Le fonctionnaire est titulaire de son grade, pas de son emploi. La rémunération au mérite est contraire aux missions de service public et à son bon fonctionnement et ferait la part belle au clientélisme, donc rupture d’égalité de traitement des citoyens. Nous avons déjà connu une part variable de notre traitement que les grandes grèves de 1989 ont permis de supprimer. Le licenciement existe déjà pour faute grave ou insuffisance professionnelle. À la DGFIP, La semaine en quatre jours sans réduction d’horaire augmentera les risques psychosociaux (2h de plus devant les écrans), réduira le nombre de jours en télétravail, les jours de congé et RTT, et le jour non travaillé sera imposé. Il sera en outre incompatible avec la vie de famille ou associative. Il y a un vrai travail d’explication des conséquences à faire auprès des collègues. Pour l’instant, c’est une annonce de plus pour la plupart qui n’y croient pas vraiment.

Les agents des centres des finances publiques  subissent aussi la diminution, par le gouvernement, des dépenses publiques. Quelles sont les conséquences pour l’État et que revendique la CGT face à ces coupes budgétaires ?
En premier lieu, l’État s’est privé de recettes importantes depuis des années (suppression ISF, baisse de l’impôt sociétés entre autres). C’est la masse salariale chez nous qui trinque (À la DGFIP on a supprimé 30 % des emplois en 20 ans), le gel des traitements (on a perdu énormément de pouvoir d’achat depuis 2010, plus de 20 % en ce qui me concerne, cadre B). On assiste à une densification des m2 et à la vente de biens immobiliers appartenant à l’État (60 % de structures finances publiques fermées en quatre ans). La DGFIP a la réduction des coûts des fluides dans le collimateur : donc moins de chauffage (sans rire l’administration a fourni des plaids à ceux qui le demandaient), un temps on a dû aussi faire face à la suppression d’eau chaude dans les sanitaires par exemple. La CGT revendique des emplois suffisants, qualifiants et recrutés par concours, une augmentation du point d’indice, un maillage de pleine compétence sur tout le territoire et une ouverture plus large au public (donc au plus près des citoyens pour être vraiment correctement renseigné).