Il y avait beaucoup d’autosatisfaction, mardi 31 janvier, dans le discours de politique générale de Gabriel Attal, louant le travail du Président, de ses prédécesseurs et leurs gouvernements : retour de l’industrie sur le sol national, taux de chômage en baisse, attractivité pour les investissements étrangers, lutte contre le réchauffement climatique, etc. Une vision telle qu’on en oublierait les centaines de milliers de personnes à la rue, les bidonvilles aux portes de nos villes, l’hôpital sacrifié, l’école abandonnée… Les manifestants, les grévistes de ces dernières années auront pourtant été en nombre, dans les cortèges, sur les ronds-points, pour montrer un tableau moins riant.
Le discours a donc marqué la volonté de poursuivre la politique d’Emmanuel Macron, ce qui n’aura pas été une surprise. En effet, comme bon nombre d’anciens socialistes passés avec armes et bagages du côté du macronisme, ce jeune Premier ministre, entré en politique en manifestant contre le CPE et menant campagne pour Ségolène Royal, est devenu en quelques années un véritable chantre du libéralisme.
L’allocution a porté, de fait, une attaque massive contre un modèle social qui n’a pas attendu Emmanuel Macron pour être affaibli.
Attaque menée au nom de la suppression de normes considérées comme étouffantes et de la volonté de réduire impôts, taxes et cotisations, pour « libérer les Français des contraintes qui les freinent ». Et d’avancer des slogans simplistes : « La bureaucratie qui recule, c’est la liberté qui avance ! », « Déverrouiller, désmicardiser, débureaucratiser ! ».
Il est certain qu’en prévoyant de déréguler ainsi l’économie et réduire le rôle de l’administration, Gabriel Attal pouvait prédire en conséquence des économies de structure, mais ce, encore une fois, aux détriments des populations les plus fragiles.
Revoir à la baisse les normes des diagnostics de performance énergétique, lever les contraintes sur le zonage ou permettre aux constructeurs d’accélérer les procédures, c’est tourner le dos à la rénovation énergétique des bâtiments défaillants et à la réflexion sur le long terme concernant l’étalement urbain.
Revenir sur le plancher des 25 % d’habitat social par ville prévu par la loi SRU et y intégrer les logements intermédiaires, en plus de donner raison aux communes contrevenantes, c’est poursuivre le travail de sape en direction du secteur.
Supprimer l’allocation spécifique de solidarité accordée aux personnes privées d’emploi en fin de droits ou encore obliger à une activité de quinze heures hebdomadaires les bénéficiaires du RSA, c’est une nouvelle fois stigmatiser les allocataires.
D’entrée de jeu, Gabriel Attal aura montré où il se situe.