Longtemps très prospères car idéalement situées sur les routes commerciales qui reliaient l’Europe à l’Orient, les Comores lient leur destin à la France en 1841. Le sultan Andriantsoly souhaite, par la vente d’une de ses îles, préserver son autonomie face aux autres souverains comoriens et se protéger des razzias de pirates qui ont fortement dépeuplé l’île de Dzaoudzi. Louis-Philippe Ier intègre alors officiellement Mayotte à la France.
En 1869, l’ouverture du Canal de Suez détourne les milliers de navires de commerce qui faisaient escale aux Comores et plonge l’ensemble du territoire dans la misère, sauf pour les Européens qui y achètent des terres et y font fortune, comme Léon Humblot, qui prendra le pouvoir sur la Grande Comore. La France va donc établir un protectorat sur l’ensemble des Comores qui deviendront alors la colonie de « Mayotte et dépendances », puis seront rattachées administrativement à Madagascar jusqu’à son indépendance en 1960. Le statut de territoire d’outre-mer (TOM) lui est alors donné, mais les Mahorais demandaient déjà depuis longtemps le statut de département, au même titre que La Réunion.
Dans les années 1960, la décolonisation des pays africains fait monter les mouvements indépendantistes. En 1974, une consultation est organisée et seule Mayotte, dont le destin est lié depuis plus d’un siècle à la France, vote contre. L’indépendance de l’État comorien est déclarée unilatéralement en 1975, mais la France décide de ne pas lier le sort de Mayotte à celui des trois autres îles, ce qui est toujours contesté par les Comores.
Un second référendum est organisé uniquement à Mayotte en 1976, qui confirme ce choix de la population. À la suite du référendum local de 2009, Mayotte devient département et région d’outre-mer (DROM), les lois et les règlements en vigueur en France y sont applicables de plein droit, même si des adaptations peuvent exister.
Les Comores connaissent une forte poussée démographique : 1,2 million de personnes y habiteraient pour une diaspora au moins équivalente (dont 80 % vivent en France), soutenant pour près de 25 % le PIB comorien. Du côté de Mayotte, nul ne saurait nier les difficultés de vie qui sont amplifiées par une population qui a presque doublé ces dernières années, essentiellement due à l’arrivée de familles comoriennes.
Pour autant, la proposition de Gérald Darmanin de déroger au droit du sol à Mayotte ne dissuadera pas les migrations massives. En revanche, cette annonce du ministre de l’Intérieur menace l’unité et l’indivisibilité de la République, car elle constitue une attaque frontale contre le principe d’égalité entre les citoyens, tel que l’établit et le garantit la Constitution. Cela crée un précédent dangereux. La République, c’est l’égalité des citoyennes et des citoyens, c’est l’unité du territoire.
Encore une fois, la Macronie se jette dans les bras de l’extrême droite en oubliant l’Histoire de la France et les fondements de notre République.