Le 10 mars prochain, les Portugais sont appelés aux urnes pour des élections législatives anticipées. En novembre dernier, le Premier ministre socialiste Antonio Costa a présenté sa démission. Ces derniers mois, des scandales de corruption, à propos de l’attribution d’un permis pour l’exploitation d’une mine de lithium, mais aussi pour l’installation d’un site de production d’hydrogène vert et d’un data center géant dans la région industrielle de Sines, ont éclaboussé des ministres et le cabinet du chef du gouvernement, accusé dans un premier temps de participation active à ces affaires. En effet, des écoutes téléphoniques avaient révélé l’implication d’un certain Antonio Costa. Or, il s’agissait de son homonyme, ministre de l’économie. La justice portugaise a admis son erreur, mais la crise politique s’est installée et le Premier ministre sortant, blanchi des accusations, ne sera pas candidat à sa succession.

Le PS pourrait perdre sa majorité absolue et peut-être même perdre l’élection, puisque selon les sondages l’ensemble des voix de gauche, PS, Bloc de gauche, Livre et CDU (PCP et « Os verdes ») totaliserait 44 % des voix contre 49 % pour l’alliance de droite avec l’extrême droite. 7 % des électeurs sont indécis et feront basculer les résultats le jour du scrutin. Les populistes d’extrême droite du parti « Chega », ce qui veut dire « Ça suffit », sont crédités de 16 % des voix, un record dans un pays qui, depuis la révolution de 1974, se croyait débarrassé du fascisme. Même si Luis Montenegro, le leader de la coalition de droite, a réaffirmé son refus d’alliance avec « Chega », son électorat est favorable à ce rapprochement et pourrait l’obliger à pactiser avec le leader populiste André Ventura, ancien commentateur sportif, avocat et député controversé.

Pourtant, le Portugal connaît une embellie économique depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir en 2014, la fin de l’austérité et la mise en place de mesures de progrès social, l’augmentation significative du salaire minimum et des pensions de retraite qui ont sorti le pays de la crise financière… Le pays attire aujourd’hui de nombreux investissements étrangers, notamment dans le tourisme, l’énergie ou les hautes technologies. 

Il est aujourd’hui l’un des « bons élèves » de l’Europe en matière budgétaire avec des excédents depuis deux ans, mais à quel prix ! Malgré une augmentation régulière des salaires, ceux-ci restent bas (smic à 820 euros par mois), le système public de santé s’est dégradé et le pays vit une profonde crise du logement, en partie due au fort développement de l’hébergement touristique à Lisbonne ou Porto. Pour toutes ces raisons, beaucoup de jeunes Portugais qualifiés et diplômés font le choix de l’émigration, un des enjeux de la campagne électorale.