Le collège Aristide Briand s’est mobilisé à la rentrée contre le manque de moyens humains. Les revendications des enseignants ont-elles été prises en compte ?
À la rentrée 2023, les enseignants du collège Aristide Briand se sont mis en grève en découvrant que les classes de 6e comportaient plus de 30 élèves, quand les préconisations académiques sont de 28. Depuis des années, lors des Conseils d’administration, enseignants et parents d’élèves alertent le Conseil départemental sur le problème que pose l’existence d’un seul collège public sur l’Île de Nantes en pleine explosion démographique (le nombre d’habitants aura quasiment doublé d’ici 2030). Après quatre jours de grève, les effectifs ont été bloqués, pour cette année scolaire, à 30 élèves par classe. Mais à la rentrée 2024, le problème se posera de nouveau. Soutenus par les syndicats SNES-FSU, CGT, SUD et FO, les enseignants ont sollicité une audience au Président du Conseil départemental afin d’anticiper la rentrée prochaine. La demande a été refusée.

Où en sommes-nous des grandes réformes de l’Éducation nationale promises par l’État ?
Emmanuel Macron avait promis 10 % d’augmentation, soit 6 milliards. Ils ne sont pas au rendez-vous du budget de l’Éducation nationale 2023. À la place, un peu moins de 2 milliards de revalorisation des salaires qui ciblent la première moitié de la carrière. S’ajoute 1 milliard pour le « nouveau pacte » que les enseignants rejettent massivement. Ce « nouveau pacte » prévoit une hausse de salaire d’environ 125 euros par mois en contrepartie de tâches supplémentaires, notamment des remplacements de courte durée. C’est que l’Éducation nationale connaît une crise sans précédent : crise d’attractivité (3100 postes non pourvus aux concours enseignants à la rentrée 2023), démissions qui augmentent, manque de formation, France sur le podium des classes les plus chargées en Europe, élèves en difficulté, laissés-pour-compte, perte de sens du métier, épuisement des personnels… Gabriel Attal annonce pour la rentrée 2024, en 6e et en 5e, en français et en mathématiques, la mise en place de trois groupes de niveau pour chaque heure de cours, soit par exemple, pour une heure de cours de français, trois groupes donc trois enseignants, à l’heure où l’on ne parvient plus à en recruter…

Qu’attends-tu de la nouvelle ministre, Amélie Oudéa-Castéra ?
Je n’attends absolument rien de la nouvelle ministre Amélie Oudéa-Castéra, Ministre à mi-temps, diplômée de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales, si ce n’est un mépris croissant pour le service public d’Éducation, une détérioration tout aussi croissante des conditions de travail pour les élèves et les enseignants et la continuité de la casse du service public, orchestrée avec vigueur. Le rapport à l’école des quatre derniers ministres de l’Éducation nationale est équivoque : Jean-Michel Blanquer est un ancien élève de l’établissement privé Stanislas, Pap Ndiaye scolarise ses enfant à l’Alsacienne tout aussi privé, Gabriel Attal est un ancien élève de l’Alsacienne et Amélie Oudéa-Castéra scolarise son fils à Stanislas : la macronie n’aime pas l’École publique !