Décidément, le ministère de l’Éducation nationale, pourtant considéré comme prioritaire, change une nouvelle fois de locataire. Gabriel Attal, appelé à de plus hautes fonctions, a cédé la place à Amélie Oudéa-Castéra, détentrice d’un portefeuille à rallonge, puisqu’il englobe avec l’Éducation nationale, la Jeunesse, les Sports et les Jeux olympiques. Il semblerait cependant qu’Emmanuel Macron, qui en a fait un axe de sa conférence de presse et Gabriel Attal, qui déclarait vouloir emmener à Matignon la cause de l’école, aient décidé de se pencher tout particulièrement sur le sujet.
Cependant, qu’en a-t-il été des 179 jours à l’Éducation nationale de notre nouveau Premier ministre ? Sous l’annonce fracassante d’un « choc des savoirs » articulé en vingt points, Gabriel Attal préconisait une plus grande mainmise étatique sur les programmes : objectifs annuels, manuels labellisés obligatoires dans le primaire, nouveaux programmes en maths, en langues...
Il prônait aussi des groupes flexibles de niveau, le retour du redoublement, celui des notes en cycle 2 et la nécessité de l’obtension du brevet pour le passage en lycée, toutes mesures favorisant la concurrence entre les élèves et non plus l’émulation collective par le « groupe classe ».
Enfin, il envisageait le renforcement du volume horaire des enseignants, le développement des temps d’activités sportives, culturelles et artistiques, ainsi que de soutien, sans pour autant évoquer de moyens supplémentaires, notamment en termes d’embauches et de revalorisations salariales. Pour Isabelle Vuillet, de la CGT Educac’tion, les récentes mesures sur le choc des savoirs sont « assez passéistes ».
Gabriel Attal a voulu réformer l’école en quelques mois sans se préoccuper des priorités et de l’expertise des enseignants, tout en maintenant un écran de fumée avec le port obligatoire de costume ou le doublement des heures d’éducation civique. Pour Gwenn Thomas-Alves, président de l’Union syndicale lycéenne : « Il a continué de détruire l’Éducation nationale. C’est aussi celui qui a lancé le Service national universel (SNU) et a appliqué dans ce ministère une vision assez militaire de l’école, avec les enfants qui doivent écouter en silence et apprendre. Ce modèle ne nous convient pas. »