Il semblerait que les temps soient favorables aux revendications territoriales tous azimuts de la part de régimes autoritaires qui profitent ainsi des désordres mondiaux qui enflamment la planète. Alors que les yeux sont braqués sur le conflit au Moyen-Orient et sur les menées guerrières de la Russie en Ukraine, Nicolás Maduro, le président de la République bolivarienne du Venezuela depuis 2013, est en train de remettre en surface un vieux contentieux avec le Guyana concernant la région de l’Esequibo. Il se trouve que ce territoire – presque 160 000 km² tout de même, possède d’immenses ressources naturelles : or, aluminium, diamant, fer, bauxite, cuivre…

Vieux contentieux puisque le Guyana faisait partie au XIXe siècle du Venezuela, mais faisant régulièrement l’objet d’incursions de la part de la colonie britannique voisine. En 1899, un traité est signé au détriment du Venezuela et il faudra attendre 1966 et l’indépendance du Guyana pour que s’instaure un statu quo, concernant notamment l’exploitation des ressources naturelles.

La découverte en 2015 d’une cinquantaine de gisements de pétrole va bousculer les compromis et le Guyana va se mettre à augmenter fortement son exploitation, au bénéfice notamment de la compagnie américaine ExxonMobil. Considérant que le Guyana a délivré 
« des concessions de manière illégale et arbitraire » la contestation grandit du côté du Venezuela et les relations frontalières se tendent. Le 23 novembre, le vice-président guyanais Bharrat Jagdeo a évoqué la possibilité d’établir des bases militaires coadministrées avec les Américains en plein Esequibo. 

C’est dans ce contexte que le gouvernement de Maduro* organisait, le 3 décembre, un référendum qui demandait aux citoyens vénézuéliens leur position au sujet du territoire revendiqué et dont les résultats ont été largement en faveur de l’inclusion de l’Esequibo au Venezuela. On a peine à imaginer que les choses puissent en rester là.

* Pour rappel, la direction du Parti communiste vénézuélien affirmait que le gouvernement de Maduro était « autoritaire et antidémocratique » et regrettait la dérive libérale de plus en plus manifeste du régime. Depuis, le PCV, longtemps allié du pouvoir chaviste, a été décapité.