À la suite des violents affrontements qui avaient éclaté après la mort en prison d’Yvan Colonna, l’assassin du préfet Érignac, Gérard Darmanin s’était rendu en Corse, avait évoqué une vague « autonomie » et un cycle de négociation avait été lancé. 
Le 5 juillet dernier, l’Assemblée de Corse transmettait au Président de la République un texte revendiquant la « reconnaissance juridique du peuple corse », la « coofficialité de la langue corse » et la création d’un « statut de résident ». 

C’est donc dans ce contexte qu’Emmanuel Macron, venu officiellement pour commémorer le 80e anniversaire de la libération de l’île, a prononcé, jeudi 28 septembre, un discours devant l’Assemblée de Corse qu’il voulait « historique ». Il a dit souhaiter « une autonomie pour la Corse et dans la République ». Cela pourrait aboutir à une réforme constitutionnelle et à l’intégration d’un titre consacré à la Corse dans la Constitution. Emmanuel Macron a donné un délai de six mois au gouvernement et aux élus corses pour aboutir à un « texte constitutionnel et organique », qui servirait ensuite de base à une « révision constitutionnelle...[pour que la Corse puisse] conserver son âme et son identité tout en restant dans les bornes de la République ».

Or, les exigences des uns et des autres se révèlent extrêmement diverses, entre ceux qui ne souhaitent pas aller au-delà d’une simple adaptation des lois françaises aux réalités insulaires et les indépendantistes pour qui les mesures des autonomistes ne suffiront jamais. Pour les communistes de l’île, ces débats masquent les vrais problèmes, d’ordre économique. Rappelant que « depuis des décennies, cherté de la vie et bas salaires structurent les difficultés des ménages populaires » de l’île, les communistes corses ont, pour leur part, regretté que « cette injustice et l’urgence sociale globalement n’ont pas été au cœur du cycle de discussions avec le gouvernement s’agissant de la réforme institutionnelle envisagée ». Ont été mises de côté les véritables préoccupations des habitants, comme « le progrès social, l’anéantissement des groupes de pression affairistes et mafieux, l’investissement dans l’emploi industriel, l’agriculture et la pêche ».

Les explosions qui ont eu lieu dans la nuit du 8 au 9 octobre, revendiquées par le FLNC et assorties de slogans haineux à l’égard de la République, démontrent à qui en douterait que certains mouvements ne reculent pas devant la violence pour maintenir la pression.

Quoiqu’il en soit, les évolutions législatives évoquées pour l’île sont très sérieusement suivies par les différents mouvements régionalistes du pays, qui rêvent à terme de lois et de fiscalité propres. La France « une et indivisible » avec ses idéaux égalitaires devient une citadelle à abattre pour les tenants d’une « préférence régionale » assez peu universaliste.