L’entreprise fabricante d’engrais chimiques pour l’agriculture, YARA, basée à Montoir-de-Bretagne, vient d’annoncer la suppression de 139 postes sur 171. Dans le collimateur des riverains et de nombreux élus locaux, l’usine installée en bord de Loire, propriété de la société norvégienne du même nom, est classée Seveso « seuil haut » pour sa dangerosité. En effet, l’entreprise qui compte parmi ses actionnaires l’État norvégien, a été plusieurs fois, et depuis de nombreuses années mise en cause pour des non-conformités. Des rassemblements pour dénoncer l’attitude de l’entreprise ont déjà eu lieu, le dernier s’étant déroulé le 14 octobre dernier. Des associations écologistes ont même demandé sa fermeture administrative. Une position non partagée et qui a peut-être été le prétexte à la décision de la direction.

Condamné à maintes reprises pour ne pas respecter les normes de sécurité et les normes environnementales, l’industriel s’était engagé à faire les investissements nécessaires pour respecter la loi et ainsi protéger aussi bien ses salariés que les populations riveraines. Des investissements évalués à 80 millions d’euros indispensables à la pérennité du site. L’annonce des suppressions de 139 postes est donc perçue comme une défection puisqu’elle hypothèque les chances de mise en conformité et de survie de l’entreprise. D’après Philippe Nicolas, secrétaire du syndicat CGT « Pour moi c’est la mort programmée de Yara dans les ans à venir ». Le syndicaliste poursuit « C’est une trahison, nous avions été convoqués pour un projet de transformation du site de Montoir, on a vite été mis devant le fait accompli. En fait, c’est un arrêt total de la production ». À cet effet, le groupe industriel, qui a réalisé 1,5 milliards d’euros de bénéfices en 2022, prévoirait de conserver sur son site montoirin un centre logistique de 42 salariés chargés d’importer des engrais et de les distribuer sur l’important marché français. 

Dans cette affaire, l’État n’a pas assumé ses responsabilités pour faire respecter les normes environnementales et la sécurité qu’une telle usine implique. Ceci d’autant qu’un salarié intérimaire est décédé au mois d’octobre, sans que les raisons du décès soient connues mais probablement liées aux activités de l’usine. En n’imposant aucune mesure contraignante à l’entreprise pour sa mise en conformité, l’État a failli.

La mauvaise nouvelle annoncée a déclenché beaucoup de réactions de la part des salariés, des habitants, des élus locaux et des responsables politiques. Pour Robin Salecroix, secrétaire départemental du PCF, « La protection des riverains, des salariés, ne doit jamais se faire sur le dos de l’emploi. Stop à la casse sociale ! »

Désormais, les acteurs locaux réfléchissent aux suites à donner à la lutte pour avancer sur la transformation du site, sa pérennité, et le maintien de tous les emplois. Pour la CGT « C’est un enjeu social, environnemental et de souveraineté agricole. »