L’Association France-Palestine Solidarité organisait récemment à Nantes une conférence-débat avec l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri. Celui-ci, après avoir brièvement évoqué ce qu’il avait pu subir, notamment son expulsion d’Israël, expulsion qualifiée de crime de guerre par l’Onu, a exposé avec force exemples ce que vit l’ensemble de la population palestinienne depuis tant d’années : confiscation et destruction de maisons, de quartiers, appropriation des terres… Il a notamment parlé de la construction du mur qui, en modifiant les frontières, a délibérément «  expulsé  » 150 000 habitants, procédant ainsi à un véritable nettoyage ethnique. 

Sujet qu’il connaît malheureusement trop bien pour avoir été arrêté six fois et mis dix ans sous les verrous, Salah Hamouri a longuement abordé la question des prisons, en donnant des chiffres étourdissants : 5000 prisonniers politiques, dont 1000 en «  détention administrative  » - formule permettant l’arrestation totalement arbitraire de palestiniens s’appuyant sur des dossiers de sécurité secrets dans le seul but de briser ce qui fait la vie des emprisonnés et de leurs proches. 

Les enfants à partir de douze ans paient eux aussi un lourd tribut à la politique de répression israélienne, avec 160 enfants détenus, dont onze en détention administrative. Là encore, la destruction systématique des jeunes vies semble être la seule « raison » d’un tel acharnement, avec toutes les séquelles imaginables, notamment psychologiques.

Les femmes palestiniennes ne connaissent pas plus d’égard, à qui même l’accouchement se vit entravé par des menottes – main et pied.
Depuis 1967, 267 prisonniers palestiniens seraient morts en prison : assassinés simplement, à la suite de tortures ou encore de maladie – actuellement, près de 1000 malades parmi les prisonniers. Une fois mort, le corps du prisonnier est conservé par la prison jusqu’à la fin de la peine avant d’être restitué à la famille...

Tout est donc mis en application pour rendre infernale la vie des prisonniers, ainsi que pour leur famille à qui on multiplie les embûches – pour les visites par exemple, et qui subissent des pressions éhontées : demandes de céder des terres, de s’engager comme espions…

Cependant, la solidarité qui existe entre les prisonniers, leurs organisations internes - créations de comités de sécurité, culturel… permettent à ceux-ci de résister à leurs bourreaux, de conserver leur dignité et de continuer à revendiquer pour leurs droits. La mise en œuvre d’une grève de la faim à l’échelle de l’ensemble des prisons israéliennes représente un moment fort de l’organisation des prisonniers. 

Convaincus de leur bon droit et de voir l’avenir leur donner raison, les palestiniens, par la voix de Salah Hamouri, affirment la volonté de poursuivre leur lutte et constatent une évolution, certes lente mais favorable à leur cause se dessiner au niveau international.