Vendredi 7 avril, le conseil départemental annonçait la fermeture du collège Rosa-Parks, dans le quartier populaire du Breil, à Nantes. La fermeture, déjà effective à la rentrée de septembre 2024, viserait à permettre une plus grande mixité sociale en répartissant les 320 élèves sur quatre établissements de centre-ville, dont 250 dans un nouveau collège. Le collège Rosa-Parks, construit en 1971, répondait à la volonté de développer les services éducatifs au plus près des habitants des ensembles nouvellement construits, souvent moins favorisés. Une attention particulière, des budgets spécifiques (REP, REP+) ont progressivement accompagné cette démarche.

Or, bien que le collège Rosa-Parks obtienne de bons résultats scolaires, c’est le principe du collège au sein de quartiers réunissant souvent toutes les difficultés sociales qui est ici remis en cause. La publication de l’Indice de position sociale, ou IPS (voir en page 3), éclaire d’un jour peu flatteur la politique de mixité sociale. La directrice académique, Patricia Galeazzi, en vient même à parler de création de ghettos, pesant sur l’avenir des enfants. Un déplacement des collégiens vers les établissements de centre-ville permettrait ainsi de redonner leurs chances aux enfants concernés.
Prévenus le 6 avril au soir de la décision du conseil départemental, des parents d’élèves du collège Rosa-Parks apprécient peu la décision de fermeture, prise sans qu’il y ait eu concertation. Par la voix de David Lhotellier, représentant des parents d’élèves, ceux-ci regrettent les termes stigmatisants de « ghetto », employés à propos de leur quartier. Ils s’élèvent contre les amalgames et les clichés dévalorisants des propos officiels et considèrent que leur quartier ne mérite pas un tel traitement.

Pour les collégiens, le fait de se rendre en centre-ville générerait des contraintes évidentes, en terme de temps et de coûts de transport, de frais de demi-pension, etc., préoccupations que le conseil départemental assure prendre en compte. Par ailleurs, la question des moyens supplémentaires accordés par l’Éducation nationale aux établissements scolaires en milieu défavorisé reste posée, ainsi que celle concernant les écoles primaires du secteur rattachées au collège.

Pour le quartier du Breil enfin, la fermeture du collège Rosa-Parks entraînerait automatiquement une réduction des activités, tant commerciales qu’associatives. Après la récente fermeture du bureau de poste, le sentiment d’abandon se fait plus vif.
Cependant, les parents d’élèves se veulent constructifs et envisagent dîner des voisins et visite organisée du nouveau collège, avec la volonté de rassurer les collégiens – et futurs – et d’ôter les craintes des parents. 

Bien que la volonté de répartir les collégiens du quartier du Breil dans des établissements de centre-ville semble répondre à un objectif de mixité sociale, les communistes ne peuvent pas ne pas voir derrière la fermeture d’un collège une reculade du service public dans les quartiers et le constat d’un certain échec face aux inégalités criantes qui gangrènent la société. Cette démarche, en fait, vient plus que jamais interroger les phénomènes d’évitement pris par de nombreuses familles, tout comme le rôle du secteur privé dans sa contribution à la nécessaire mixité et à la lutte contre les inégalités, ainsi que ses modalités de financement.