Le compte personnel de formation (CPF) est un dispositif de financement de formation continue professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale. Entré en vigueur en 2015, il remplace le droit individuel à la formation (DIF). La gestion des comptes est assurée par la Caisse des Dépôts et Consignations sur déclaration de l’employeur et un site Internet permet aux bénéficiaires de gérer leur compte personnel de formation et de connaître leurs droits à la formation.

Problème, la « simplification » des démarches a permis à un grand nombre de fraudeurs de profiter de celle-ci avec la notoriété du CPF. Par des tentatives de hameçonnage par téléphone, SMS et mail, les données personnelles dérobées des comptes CPF se sont retrouvées dans les mains des fraudeurs.

On estime le montant de la fraude au Compte Personnel de Formation à 43,2 millions d’euros en 2021 et cela sans compter les divers organismes de formation dont la réalité ou la pertinence est discutable. 
La loi pour « la liberté de choisir son avenir professionnel » de septembre 2018 a effectivement rebattu les cartes de la formation professionnelle en individualisant au maximum la responsabilité de se former, et créé un déficit de financement que le gouvernement veut maintenant combler.
Dans le cadre du projet de loi de finances 2023 entériné par un 49.3 mi-décembre, le gouvernement a instauré un reste à charge pour les bénéficiaires du CPF. Sans préciser le montant de ce reste à charge (20-30 %) qui sera pris à la discrétion d’un décret, ce sera aux salariés d’assumer les conséquences de cette crise financière structurelle.

Ce sont les salariés les plus fragiles et les plus âgés qui seront les grands perdants de cette décision, ceux qui ont le plus besoin de se former. Un moment particulièrement mal choisi pour un gouvernement qui souhaite les voir travailler plus longtemps mais visiblement sans qu’ils puissent mettre à jour leurs compétences tout au long de leur vie professionnelle.

La casse des outils de formation et des réformes ont renforcé la marchandisation de la formation, sans  mettre en avant le conseil pour l’évolution professionnelle. Même si cette fraude massive n’explique pas le déficit financier constaté, elle illustre une politique du chiffre et du tout business où la place de l’Homme dans la travail est oubliée.