Depuis sa mise en place dans sa forme moderne, l’enseignement professionnel (dit sous statut scolaire et qui se déroule en lycée professionnel, il représente 651 000 élèves) s’appuie sur un équilibre et une double finalité : former des citoyens avec un esprit critique et des futurs professionnels acteurs du monde économique de demain. C’est la finalité de la réforme Macron.

Un projet symbole d’une conception de l’enseignement professionnel, porté par la ministre déléguée Grandjean, à cheval entre Éducation nationale et Ministère du travail, qui part d’un constat que les lycées pro ne permettraient pas une bonne insertion professionnelle et conduiraient les jeunes au chômage. Il s’appuie sur quatre axes : donner une indemnité aux lycéens professionnels (2 à 500 € par an…), augmenter de façon conséquente le nombre de semaines de stage en entreprise, donner aux établissements une forte autonomie sur la gestion des horaires et contenus, fermer les formations qui n’insèrent pas dans le territoire et donc assigner à résidence et à formation selon les besoins les jeunes. 

Le projet fragilise le lycée professionnel et sonne comme un big bang pour les lycées pro. En augmentant le nombre de semaines de stage en entreprise, il remet en cause la formation professionnelle dispensée dans les lycées (en cours, en atelier, sur les plateaux techniques). Il conduit à un moindre besoin en personnels et donc à des suppressions de postes d’enseignants. Il rapproche, enfin, le lycée d’une organisation des centres de formation d’apprentis. Augmenter le temps de stage, c’est ignorer que trouver des stages est très compliqué et très discriminant (en lien avec le lieu de résidence, le genre, la couleur de peau…) notamment pour certains jeunes et leur famille sans réseau. Pour les élèves en situation de handicap, proportionnellement plus nombreux, trouver des stages est un vrai casse-tête. 

Les deux journées de mobilisation des 18 octobre et 17 novembre ont constitué de véritables réussites, elles ont notamment poussé le gouvernement à accepter de discuter de l’état des lieux de la formation professionnelle et à repousser les 1ères mesures en 2023, voire 2024... Mais c’est bien le retrait pur et simple de ce projet mortifère que l’intersyndicale porte pour la rentrée de janvier.
Yoann VIGNER
FSU Pays de la Loire