Le duo « Macron-Borne », affiche une volonté farouche de mener des réformes en profondeur, qui réorganiseront le service public pour l’Emploi. Les règles de l’indemnisation, que le projet de loi en cours prévoit de prolonger, évolueront vers la possibilité de moduler les paramètres afin qu’elles soient plus strictes quand le chômage est faible, et plus généreuses quand le chômage est élevé. Qui définira ces seuils de modularité et qui les fixera ? 

Des impacts à plusieurs niveaux
1 – Le projet France Travail amène la refonte totale de Pôle Emploi et de tous les acteurs de ce service public, avec une mise en commun avec les services de l’emploi des collectivités territoriales dans des entités régionalisées et quasi autonomes (les fameux « bassins d’emploi »). Des régions seront pilotes pour la refonte des minima sociaux. Mais qui pilotera le navire ? Région ou État via des directions régionales fusionnées ? 
Une bataille en perspective entre les deux, surtout pour la formation professionnelle (en partie privatisée). À terme : une perte de gestion des « fonds formation » pour les régions et les syndicats.

2 - La modulation des indemnités, en fonction du marché des bassins d’emploi et du soi-disant « plein emploi », pénalisera une fois de plus les travailleurs les moins formés, qui peinent à trouver ou à retrouver un emploi. Des allocataires régionalisés, c’est une rupture totale de l’égalité de traitement en matière de protection sociale.

3 – Un démantèlement total de l’Unedic, qui avait déjà commencé sous les gouvernements précédents, devenant une coquille vide sans plus aucune mission. Elle est chargée de transcrire la loi en réglementation, de collecter et gérer les cotisations sociales (qui disparaissent en étant remplacées par l’impôt CSG) avec l’ensemble des partenaires sociaux. Mais aussi de produire des analyses indispensables pour la prise de décision des partenaires sociaux.

4 – Les annexes spécifiques (dont certaines ont déjà disparu) sont menacées de rejoindre un régime général fortement mis à mal. Ces régimes issus de la réglementation générale permettent de mieux prendre en compte les formes de travail en discontinu ou en temps partiels dans plusieurs secteurs économiques (culture, événementiel, intérim). L’intermittence n’est pas un « statut de privilégiés » (cotisent deux fois plus), mais un régime indemnitaire qu’il convient de pérenniser et de généraliser à toutes et tous.

Il ne faut pas oublier que ce revenu de remplacement est essentiel à la vie des travailleurs qui se voient privés d’emploi, ou travaillent de façon discontinue. Ce n’est pas « vivre des allocations » mais survivre dans un contexte économique « ultra-libéral ».