Les élections législatives auraient-elles sonné le glas du jupitérisme présidentiel ? Pendant le dernier mandat, Emmanuel Macron fixait les orientations, le Premier ministre et son gouvernement s’empressaient de mettre en œuvre le programme présidentiel. À l’époque, la majorité absolue « En marche » à l’Assemblée nationale faisait office de chambre d’enregistrement des décisions de Jupiter. Le présidentialisme de la Ve République connaissait sa nouvelle heure de gloire. Cinq ans plus tard, le scénario est devenu tout autre et les soutiens macronistes organisés dans le groupe « Renaissance » (LREM, MoDem, Horizons) ont perdu la majorité absolue, ils n’obtiennent que 245 sièges, contre 131 pour la NUPES, 89 pour le RN, 61 pour LR, et 51 divers droite ou gauche. Il en fallait 289 pour pouvoir former une majorité stable, capable de constituer un gouvernement apte à conduire la politique de la nation sans utiliser des « armes » constitutionnelles telles que les ordonnances ou le 49.3.

La majorité relative issue des élections oblige désormais le camp du Président à trouver un accord de coalition, mais qui voudra s’allier aux macronistes et pour quoi faire ? Les forces de gauche ont d’ores et déjà refusé cette hypothèse, le RN n’est pas une option, reste le groupe LR et des députés divers. Si parmi le groupe « Les Républicains » un certain nombre de voix se font entendre pour envisager cette possibilité, son nouveau président, Olivier Marleix, a très clairement réaffirmé son refus de toute coalition avec le groupe « Renaissance ». L’échec de Macron pourrait repositionner la droite traditionnelle pour les prochaines échéances électorales. 

Un exercice difficile attend Elisabeth Borne, la Première ministre nommée après la présidentielle. Elle et son gouvernement vont devoir gouverner texte par texte et espérer le ralliement des députés LR pour faire voter les mesures emblématiques annoncées par Emmanuel Macron. Tout le monde a par exemple en tête la retraite à 65 ans. Mais avant cette étape il faudra, si elle décide d’engager la responsabilité de son gouvernement, que l’ancienne ministre du travail gagne le vote de confiance de l’Assemblée après son discours de politique générale prévu début juillet. Sinon, elle devra démissionner. Finalement, le parlementarisme pourrait retrouver une place singulière dans la vie politique française.