Après trois mois d’interruption, l’Iran et les États-Unis ont convenu le 27 juin de reprendre les discussions en vue d’un retour à un accord sur le nucléaire iranien. Cette reprise intervient moins de trois semaines après que l’Iran ait décidé de débrancher plusieurs caméras de l’Agence internationale de l’énergie atomique sur ses sites d’enrichissement d’uranium, un geste considéré comme provocateur par la communauté internationale.

Pour le gouvernement conservateur d’Ebrahim Raïssi, c’est aux États-Unis de faire des concessions diplomatiques, ceux-ci s’étant retiré des accords de Vienne en 2018. de plus, l’Iran ne voit pas d’intérêt à retourner à un accord s’il ne garantit pas à la République islamique l’intégralité des avantages économiques prévus par celui-ci.

Le temps presse pour les deux parties : bien que ni l’AIEA, ni l’Union européenne, ni les États-Unis n’aient réussi à démontrer une quelconque militarisation du programme nucléaire iranien depuis les premières accusations en 2003, l’Iran dispose désormais de quatre fois plus d’uranium enrichi à 60 % que l’an dernier grâce à ses nouvelles centrifugeuses. Si ce niveau d’enrichissement ne permet pas une militarisation à proprement parler, l’Iran dispose tout de même de quoi construire un engin explosif rudimentaire.

En face, le gouvernement iranien est confronté aux difficultés économiques toujours croissantes causées par le train des sanctions étasuniennes. Les manifestations populaires, combinées à la situation intérieure confortable pour le président Raïssi – les conservateurs bénéficient de tous les leviers de pouvoir – incitent l’Iran à retourner négocier.

La situation demeure toutefois tendue en raison de blocages de chaque côté. L’habituation des Iraniens aux sanctions ainsi que l’intégration du pays à l’Organisation de coopération de Shanghai qui lui permet d’écouler son pétrole lui donnent la possibilité de jouer la montre. Côté américain, le Congrès ne semble pas prêt à signer un nouvel accord facilement et de périlleuses élections de mi-mandat approchent pour l’administration Biden. Enfin, les États-Unis veulent ménager leurs alliés régionaux saoudiens et israéliens.

L’accord de Vienne vise à contrôler le développement du nucléaire civil iranien en échange de la levée de sanctions étasuniennnes.