Quelques mois après la victoire de la gauche aux élections législatives, la Colombie a vécu un séisme politique avec le triomphe de Gustavo Petro, devenu le 19 juin le premier président de gauche de l’histoire du pays.

Avec 11,2 millions de voix, il devance de peu (700 000 voix), le milliardaire populiste Rodolfo Hernandez qui avait créé la surprise en se qualifiant pour le second tour le 29 mai. Pour la droite traditionnelle qui avait gouverné le pays pendant plus d’un siècle, c’est une déroute historique. La militante écologiste et des droits humains Francia Marquez devient la première afro-colombienne à accéder à la vice-présidence de la Colombie.
Ancien guérillero du Mouvement du 19 avril, M. Petro avait occupé les fonctions de maire de Bogotá de 2012 à 2015. Économiste de formation, il a consacré son combat à la lutte contre la pauvreté, la violence politique et la corruption. Il faut dire que le chantier est immense en Colombie. Cinq ans après les accords de paix entre l’État et les FARC, les assassinats politiques demeurent monnaie courante en Colombie contre les militants de gauche. L’armée, résolument hostile à Gustavo Petro pendant la campagne, demeure une place forte des conservateurs.

Le nouveau dirigeant a annoncé sa volonté de lutter fermement contre le narcotrafic qui empoisonne la société colombienne. Sa volonté de mettre fin à l’extradition des trafiquants vers les États-Unis est lue comme une affirmation de la souveraineté judiciaire de la Colombie. Un processus de démantèlement des cultures est dans les tuyaux.

Après le Pérou et la Colombie, c’est un véritable bastion de la droite latino-américaine qui est tombé. M. Petro a immédiatement annoncé vouloir rétablir des relations diplomatiques avec le Venezuela voisin.