Après quinze ans d’absence aux élections présidentielles, la parole communiste (portée chaleureusement par Fabien Roussel) est de retour. Un scrutin structurant de notre société qui porte la marque de la dérive présidentialiste de la république. Une réalité qui accentue la personnalisation et la bipolarisation au détriment du fond, tout au moins pour ceux qui s’inscrivent dans cette démarche. Il y a quelque chose du bonapartisme dans cette institution, la quête de l’homme providentiel et charismatique au détriment de l’émancipation sociale et humaine qui est l’alfa et l’oméga du communisme. À ce propos, on se souvient sans peine de l’hégémonie socialiste depuis 1981 accentuée par l’instrumentalisation du vote « utile », vote de circonstance par défaut qui s’appuie tendanciellement sur des réflexes de peur : peur qu’il n’y ait pas un candidat de gauche au deuxième tour, favorisant celle ou celui qui est le mieux placé, peur de la réalité des extrêmes droites nationalistes et populistes elles-mêmes instrumentalisées et banalisées.

Cette parole était absente. Elle exprime le courant communiste. À la fois légitime et de droit, au-delà de toute culpabilisation et accusation, crédible par son projet d’une république sociale et démocratique, par ses propositions concrètes sociales et environnementales (le travail universel et les salaires, le coût du capital et le pôle public financier, la promotion politique des classes populaires et travailleuses).

On se souvient sans peine du rôle joué par le PCF dans l’élaboration du rassemblement initial du Front de Gauche à l’automne 2008 puis de la construction d’un programme et d’une candidature commune aux élections de 2012 portée par J.L. Mélenchon. La création de la France Insoumise (FI) en 2016 laissera au PCF une seule voie, celui du soutien sans accord en 2017 avec le délitement du travail et des résultats communs au profit de l’homme présidentialisé. Un effacement préjudiciable probablement qui, dans le même temps, interroge la tendance hégémonique de la FI et son projet d’un populisme de gauche qui entame et aspire la diversité. L’antagonisme de classe et le clivage gauche-droite sont relégués au profit de l’homme fort et de la promotion du concept « peuple global » et de ce qui s’y exprime, notion intégrale et floue qui prend le risque de certaines porosités avec d’autres courants populistes ou conservateurs.

Il est temps de reconstruire une nouvelle république qui assume la proportionnelle à l’Assemblée nationale.