Un des principaux enseignements du premier tour de l’élection présidentielle aura été le très fort taux d’abstention, de l’ordre de 26 % - soit 12,8 millions de personnes. Ce phénomène est d’autant plus préoccupant qu’il s’est vu accentué dans les zones où le sentiment d’abandon est le plus marqué, notamment en Corse et en outre-mer – jusqu’à 69 % en Polynésie. En Loire-Atlantique, un département qui vote d’habitude plus qu’au niveau national, c’est l’évolution de l’abstention par rapport à 2017 sur un certain nombre de communes qui retient l’attention : - 12 % de votants dans la nouvelle commune des Vallons-de-l’Erdre, - 11 % à Saint-Vincent-des-Landes, Issé, La Grigonnais…

Il faut donc remonter jusqu’à la présidentielle de 2002 pour retrouver une telle faiblesse de participation, élection qui a pour la première fois positionné l’extrême droite pour le second tour.

Un deuxième enseignement des résultats du scrutin du 10 avril dernier aura été que, pour la troisième fois dans l’histoire de la Cinquième République, l’extrême droite se sera retrouvée présente au second tour avec le RN, totalisant par ailleurs avec les partis d’Éric Zemmour et de Nicolas Dupont-Aignan un nombre de voix supérieur au cumul de toutes les forces de gauche et écologistes. Ainsi, le quinquennat d’Emmanuel Macron aura engendré, entre autres faillites, une augmentation de presque deux millions de voix supplémentaires pour des partis qui ont fait de la haine et du racisme leur fonds de commerce.

Un troisième élément aura été que, malgré le déchaînement des colères suscitées pendant cinq ans par le président des riches, la mécanique institutionnelle a replacé celui-ci en pole position, grand favori d’un deuxième tour qu’il perçoit comme la validation de son entreprise de régression sociale.

Cependant, bien que minoritaire, l’ensemble des forces de gauche aura lors de cette élection progressé de plus d’un million de voix (1 247 000) par rapport à 2017, grâce aux scores de Jean-Luc Mélenchon (+ 652 000), bénéficiant dans les derniers jours d’une réorientation de votes écologistes, socialistes et communistes en sa faveur, et de Fabien Roussel qui, n’étant pas présent en 2017, a obtenu 802 000 suffrages. Le résultat du candidat communiste est le fruit d’une belle campagne. Cela aura permis à nos idées de se faire entendre à nouveau et de se réinstaller sérieusement dans le paysage.