À Nantes, au cinéma le Katorza, le festival du film russe prévu du 31 mars au 3 avril est annulé. Bien que renommé – Entre Lviv et l’Oural –  il devait se tenir comme chaque année sous l’égide d’Univerciné avec la participation habituelle de l’association Russies étonNantes préoccupée par la solidarité avec les réfugiés. Cependant le cinéma le Katorza maintient une programmation de films russes et ukrainiens.

Ainsi que l’explique Macha Milliard, présidente du festival, elle regrette « que la création cinématographique qui avait été sélectionnée, reste inaccessible au moment même où elle aurait pu contribuer à une appréhension intellectuellement fine et aiguisée de l’époque douloureuse que nous traversons ».
Comme elle se désole que certains messages portés par le festival aient pu être « mal interprétés ». En écho notamment à une manifestation devant le cinéma… dont certains sont allés jusqu’à scander : « Univerciné collabo ! ».
  
Avec trois soirées-débat maintenues jeudi, vendredi et samedi, la directrice du Katorza, Caroline Grimault, s’exprime : « Je suis de tout cœur avec les Ukrainiens et, bien sûr, très mal placée pour imaginer ce que l’on peut penser ou faire quand nos proches sont sous les bombes, précise-t-elle. Mais mon travail est de proposer aux Nantais des films qui constituent un éclairage sur la société russe d’aujourd’hui et peuvent les aider, comme ils m’ont aidée, à mieux comprendre la situation. En ce sens, je suis profondément contre le boycott des artistes russes. »

En soutien à l’initiative nantaise, le délégué général du Festival du film russe de Paris Marc Ruscart sera présent pour parler d’un film de Vladimir Bitokov : « Plus que jamais, il faut voir des films russes, des films qui condamnent avec courage Poutine et son système… ».  

Élu en charge de la Culture à Nantes, Aymeric Seassau le rappelle fermement : « À Nantes, il ne saurait être question d’interdire ou de boycotter quelque culture que ce soit ! Avec le prérequis de n’accueillir aucun artiste qui serve de soutien au régime criminel de Poutine… La liberté de circulation des œuvres et des idées n’est pas négociable. […] Les arts et la culture peuvent et doivent rester des instruments au service de la paix et du dialogue entre les peuples ».

Compte tenu du contexte de guerre en Ukraine décidé par Poutine que nous condamnons, il faut un courage certain pour compter sur l’intelligence, la réflexion et la culture pour appréhender la situation sur le court et le long terme passé et présent. La culture du retour à la paix, du vivre ensemble et du partage ont toujours à nous apprendre. Les nationalismes sont toujours réducteurs.

 L’Ukraine comme la Russie sont des nations proches historiquement et culturellement. Après les destructions et les bombes de Lviv au Donbass, il faudra bien – un jour –  retisser des liens si abîmés par cette intervention et cela malgré les inimitiés et les haines, hélas ! La culture est là pour nous y aider.