Alors que le peuple ukrainien subit toujours la guerre sur son territoire, les répercussions du conflit se font sentir sur la planète entière avec la flambée des cours des matières premières.

Premier front pour les peuples du monde, la sécurité alimentaire. Alors que le blé représente près du quart des apports caloriques mondiaux, les opérations militaires en cours gênent considérablement les exportations russo-ukrainiennes. Ces deux pays représentent à eux deux près du tiers des exportations mondiales. Les ports ukrainiens, en particulier Odessa sont bloqués et les navires russes sont ralentis. Conséquence, alors que la saison touche à sa fin dans l’hémisphère nord, le prix du blé tendre dépassait largement les 400 € la tonne rendu Rouen, contre 250 € au début de la guerre, du jamais vu. Cette flambée fait craindre de nouvelles émeutes de la faim au Moyen-Orient et en Afrique du nord, principaux importateurs de blé alors que le mois de Ramadan approche, renforçant spontanément la demande.

Autre sujet d’inquiétude pour le pouvoir d’achat au niveau mondial, les hydrocarbures. Bien que le gaz et le pétrole russe ne soient pour l’instant pas impactés par le conflit, l’Europe, principal marché de la Russie, étant trop dépendante à ces énergies, les cours se sont envolés sur les marchés dans la crainte d’une éventuelle pénurie future. Le baril de brent est ainsi passé de 95 $ avant la guerre à plus de 110 $ aujourd’hui, avec des sommets à 120 $. Le prix à la pompe a immédiatement répercuté cette hausse.

Ainsi les ménages du monde entier vont encore voir leur budget être grévé alors même que de pénurie il ne saurait être question. La réalité de cette inflation réside dans un jeu de spéculation de financiers capitalisant sur la peur de la guerre.

Cet isolement de la Russie en Europe a tendance a dessiner avec d’autant plus de force les lignes de fracture géopolitiques modernes. Voyant les marchés nord-américains (à court-terme) et européens (à long-terme) se fermer, la Russie a tout intérêt à se tourner vers la Chine, gourmande en hydrocarbures dans un grand espace eurasiatique. A l’inverse, pour permettre à l’Europe de surmonter sa dépendance énergétique à la Russie, les États-Unis ont annoncé « mettre à disposition » des États-membres de l’UE du gaz et du pétrole de schiste.