Après le Soudan, la Guinée et le Mali, le Burkina Faso est devenu le quatrième pays africain à connaître un coup d’État en moins d’un an. Le 24 janvier, des militaires sont sortis de leurs casernes pour prendre le contrôle de la capitale Ouagadougou au dépens du régime du président Kaboré. Une junte, dirigée par le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, autoproclamée Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), a revendiqué le pouvoir.

Depuis la révolution de 2015 qui a renversé la dictature de Blaise Compaoré – actuellement jugé pour son rôle dans l’assassinat du président Sankara en 1987 – le Burkina Faso connaît une grave crise sécuritaire avec l’émergence de groupes djihadistes qui occupent une partie importante du territoire, crise qui a connu son apogée avec la mort de 57 personnes dont 53 gendarmes à Inata (nord) en novembre. L’exaspération au sein de l’armée et de la population devant l’incapacité du président Kaboré à restaurer l’ordre était à son comble.

Si la junte n’a pas donné de calendrier de transition, elle a rencontré peu d’opposition de la part de la société civile, soulagée du départ de l’ancien président. Une de ses premières décisions a été la mise en place d’un Commandement des opérations du théâtre national, chargé de coordonner la lutte contre le terrorisme. Il semble donc que la désorganisation au sein de l’armée soit la source du putsch.

Depuis la chute du régime libyen de Mouammar Kadhafi en 2011 suite à l’intervention militaire de l’Otan sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, les pays du Sahel sont confrontés à la prolifération de la menace djihadiste sur leurs territoires.