Les discussions entre la Russie et les États-Unis, puis l’Otan, n’ont pas permis d’avancées notables mais ont le mérite de rester ouvertes. Ce schéma diplomatique au parfum de Guerre froide fait suite aux mouvements de troupes russes constatés à la frontière avec l’Ukraine. Moscou accuse quant-à-elle les forces de l’Alliance atlantique de manœuvres militaires dans la région.

Derrière la crainte d’un embrasement du conflit ukrainien se cache la réaction épidermique des Russes à toute forme d’ingérence de l’Otan dans l’espace post-soviétique. Moscou avait vécu comme une agression l’élargissement de cette alliance militaire à d’anciens pays du Pacte de Varsovie et le déploiement de forces militaires, dont des missiles, aux portes de la Russie.

L’Ukraine constitue un sujet particulièrement explosif : région stratégique de l’espace russe, elle fait l’objet de déstabilisations allemande ou états-unienne par l’appui à des forces nationalistes depuis un siècle dans le but de l’arracher à la sphère d’influence de la Russie. Son adhésion à l’Otan serait vu comme une déclaration de guerre par les Russes qui rejettent tout nouvel élargissement de l’Alliance en préalable aux négociations.

Les États-membres, États-Unis en tête, refusent ces conditions au nom de la souveraineté de l’Ukraine à choisir ses alliances. Or, une telle adhésion se conclurait certainement par la répétition des schémas déjà observés en Pologne et dans les pays baltes depuis 1999 : le déploiement de troupes états-uniennes hostiles à la Russie sur son sol. Cette stratégie de la tension hautement agressive est irresponsable de la part de l’Otan : l’administration Biden aurait toutes les raisons du monde de considérer comme hostile un déploiement de forces russes au Mexique ou au Canada… 

Le blocage de la situation est révélateur d’une architecture sécuritaire issue de la Guerre froide et dépassée en Europe. Si les leaders de l’Union européenne se sont émus de ne pas avoir été conviés aux négociations, force est de constater que l’UE ne propose aucune alternative stratégique, la plupart de ses États membres (21 sur 27) se contentant d’un alignement automatique sur les positions de l’Otan. L’Alliance atlantique, de même que l’Union européenne, sont fondamentalement incapables de garantir la sécurité en Europe : pire, en étant conçues comme l’intégration militaire et diplomatique des impérialismes euro-nord-américains, ces organisations renforcent les tensions partout sur le continent (Yougoslavie, Ukraine…).

Au vu de cette situation explosive, les propositions du PCF de sortir la France de l’Otan et construire des cadres communs de coopération et de sécurité collective n’ont que plus de force.