Le feu couve depuis trop longtemps en outre-mer, et malgré les alertes – les mouvements de grève massifs contre la « profitation » de 2009 sont encore dans toutes les mémoires – rien ou si peu a été fait.

Début décembre il y a eu de nouvelles poussées, quasi-insurrectionnelles, le passe sanitaire et les contraintes imposées par un pouvoir discrédité ayant mis le feu aux poudres. Au-delà, ce sont des questions de vie chère, de manque de moyens dans les services publics – eau et assainissement, hôpitaux... – de reconnaissance en général – la faiblesse de la prise en compte du scandale lié au chlordécone – qui mobilisent toute une population. Aux Antilles particulièrement, la mémoire de la colonisation et des scandales sanitaires d’État a contribué à délégitimer l’action publique et ralentir la campagne de vaccination.

En Guadeloupe et en Martinique, où la grève générale a été largement suivie, de nombreuses routes ont été coupées par des barrages, démontés par les forces de l’ordre et remontés dans la foulée par la population. Notons au passage la rapidité avec laquelle l’État a su déployer des gendarmes supplémentaires aux Antilles pour réprimer les manifestations, à rebours de sa lenteur pour faire parvenir du personnel soignant dans ces territoires.
La situation sociale, déjà tendue avant la crise, a été amplifiée par la pandémie. Selon Jean-Philippe Nilor, député de la Martinique siégeant au sein du groupe GDR, les prix ont augmenté de 68 % pour le pain et de 67 % pour le gaz domestique en deux ans et ce alors que le niveau des salaires est plus bas que dans l’hexagone.

La réponse gouvernementale, hors sujet, évoque une ouverture à la discussion sur une éventuelle autonomie. Bien évidemment, la question de l’autonomie ou de la souveraineté de plusieurs territoires d’outre-mer est posée de longue date par les acteurs politiques locaux, notamment en Martinique. Mais face à une crise sociale au long cours, les diversions institutionnelles du ministre des outre-mer Sébastien Lecornu ne trompent personne.

Fabien Roussel a réalisé du 16 au 21 novembre un déplacement en Guyane, Guadeloupe et Martinique où il a rencontré élus locaux et syndicats et reçu le soutien des partis communistes martiniquais et guadeloupéen. Fabien Roussel a appelé au lancement d’un grand plan d’urgence pour les outre-mer.