En marge du sommet du G7 de Carbis Bay (Royaume-Uni), Emmanuel Macron a officialisé la fin de l’opération Barkhane. Ce déploiement stratégique français dans la région du Sahel afin de lutter contre l’État islamique au grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) a pris la suite de l’opération Serval en 2014.

Des 5 200 hommes en poste dans la région, il ne devrait en rester que moitié moins à l’horizon de l’été 2023, sauf revirement politique en 2022. La France conservera néanmoins une présence militaire au travers notamment des forces spéciales de l’opération Sabre.

Ce retrait, attendu en période électorale, constitue un aveu d’échec stratégique pour la France. D’un point de vue militaire, la hausse du budget des armées depuis 2017 n’a pas permis de retrouver une pleine capacité opérationnelle, notamment dans le matériel de déploiement (avions de transport, hélicoptères…) pourtant essentiel pour patrouiller une zone grande comme l’Europe. D’un point de vue diplomatique, la force européenne Takuba, appelée de ses vœux par Paris afin de soulager l’effort de guerre français, n’a jamais véritablement pris l’ampleur souhaitée. Enfin, au sein des pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), le passage de témoin semble compliqué au vu des soubresauts politiques : les coups d’État successifs au Mali et la mort du président tchadien Idriss Déby ont plongé ces alliés de la France dans l’instabilité.

En sept ans d’opération, force est de constater que l’opération Barkhane semble être loin d’avoir rempli ses objectifs, malgré les coup de com’ réguliers du ministère des armées. Les groupes islamistes issus de la déstabilisation de la Libye par l’OTAN en 2011 continuent de menacer les populations civiles de la zone. La stratégie de « sahélisation » des opérations menée par la France (tout comme on parlait fut un temps de « vietnamisation ») semble montrer toutes ses limites.

En maintenant les pays de la région du Sahel dans des rapports de dépendance économique et en axant son approche de la zone uniquement sous le prisme militaire, Paris ne donne aucune voie de sortie à cette région pauvre en pleine croissance démographique et dont la moitié de la population a moins de 15 ans. Pire, elle est même responsable de cette situation catastrophique.