25 décembre 1920, le 18ème congrès de la Section Française de l’Internationale Ouvrière s’ouvre à Tours. La 2ème internationale s’est fracassée au sujet de la guerre, opposant pacifistes et partisans des « unions nationales ». La jeune union soviétique ouvre un espoir nouveau pour le monde du travail. Dans une France ouvrière toujours endeuillée par la disparition de Jaurès, des « camps » et des hommes s’opposent : Autour de Blum et d’autres on refuse l’adhésion à la 3ème internationale promue par Lénine ; Cachin et les siens veulent y adhérer. Des femmes aussi comme la marxiste et féministe allemande Clara Zetkin qui jouera un rôle central dans le congrès de Tours. A une large majorité, c’est l’adhésion à la nouvelle internationale qui est adoptée.

Le parti communiste français est né. Il puise ses racines dans la force propulsive nouvelle de la révolution russe mais aussi dans l’héritage de la révolution Française, des barricades de 1848 et de la commune de Paris, dans le syndicalisme français qui voit la CGT créée en 1895, dans l’œuvre de Jaurès. C’est ce qui lui permet de marquer l’histoire du pays en épousant l’épopée nationale, réconciliant dira Thorez « le drapeau tricolore de nos pères au drapeau rouge de nos espérances ». De ce mariage inédit du communisme et de la République naissent de formidables conquêtes pour le peuple de France : La réduction du temps de travail, les congés payés, la résistance, la protection sociale, les pouvoirs nouveaux pour les travailleurs dans les entreprises nationalisées ou non, la décolonisation, la marche encore longue pour l’égalité réelle entre toutes et tous. Ce parti communiste est incontestablement français en ce qu’il a contribué à fonder le pacte social républicain. 

Ce parti français est incontestablement communiste en ce qu’il a toujours fait valoir cette voix universelle pour la paix, la fraternité, la justice pour Mandela, l’indépendance nationale pour la Palestine, la solidarité entre tous les travailleurs quels que soient leur nationalité. Mais voilà, « le patronat ne désarme jamais » comme le rappelait sagement Ambroise Croizat. Dans une France sinistrée par les puissances d’argent, où les inégalités explosent sous l’effet d’un virus qui révèle les mécaniques meurtrières du capitalisme financiarisé, le parti communiste fête ses cent ans. Cet anniversaire nous le voulons résolument tourné vers l’avenir, vers l’espoir de la cité nouvelle dessinée par Gramsci, vers la réalisation de l’humanité rêvée par Jaurès. Les errements de 2020 nous invitent à convoquer 1920, à mobiliser les communistes, la gauche, notre peuple vers les conquêtes nouvelles dont l’urgence se fait sentir chaque jour un peu plus. Les communistes de France ne se retournent pas vers ce grand siècle de luttes pour s’effacer dans le siècle nouveau mais avec l’ambition de la reconquête politique et sociale. Voilà ce que nous voulons célebrer. L’avenir et non le passé. Avec comme première brique une candidature communiste à l’élection présidentielle ? Oui. Et pourquoi pas notre secrétaire national Fabien Roussel qui incarne avec enthousiasme et conviction nos combats communs. D’ici là, je souhaite à tous nos camarades de lutte et de parti, à tous nos lecteurs, de bonnes fêtes de fin d’année. Qu’elles permettent à chacune et chacun de se resourcer pour aborder 2021 avec l’énergie nécessaire au combat commun.