Le capitalisme vert n’en finit pas de multiplier les concepts pour faire accepter ses manoeuvres : croissance verte, Green New Deal, transition écologique et numérique, bioéconomie inclusive... En mettant en pleine lumière les recherches de profits éhontés menées par des acteurs tout-puissants, Hélène Tordjman, avec son livre « La croissance verte contre la nature », révèle les ficelles de tout ce qui se trame sous couvert de « Transition écologique ». 

Loin de s’en offusquer, les États, aveuglés par une idéologie libérale, accompagnent cette marchandisation de la nature, voire aident les complexes agro-alimentaires dans leurs expériences d’apprentis sorciers : création de micro-organismes n’ayant jamais existé pour leur faire produire de l’essence, du plastique, ou absorber des marées noires, transformer l’information génétique de tous les êtres vivants en ressources productives et marchandes... 

Ces dernières décennies ont été mis en place des brevets sur des semences à usage unique ou sur « l’édition » de génomes, c’est-à-dire sur les « corrections » faites sur les génomes en vue de les « améliorer », des organismes se sont mis à faire des évaluations monétaire d’hectares d’océans ou de forêts, ou encore de phénomènes naturels comme la pollinisation ou la photosynthèse (que « rapportent » la pollinisation ou la photosynthèse à l’économie ?). A contrario, ont été aussi calculés les « coûts » de la pollution, ceci dans un but supposé de réparation ainsi que, nous l’avons vu, d’achat et de vente de « droit à polluer ».

Le seul prisme au travers duquel le rapport des humains à la nature est vu est donc celui de l’économie de marché et de ses outils financiers. La mise en pratique des mesures « vertes » orchestrée par les grands groupes bénéficient de la candeur des populations, trompées par un greenwashing de surface et prêtes à soutenir ce système prédateur, en orientant par exemple son épargne vers des activités supposées « vertes ». Système qui exclut de leur habitat traditionnel des peuples considérés comme « non respectueux de l’environnement », qui poursuit l’exploitation des enfants dans les mines de cobalt par des entreprises qui « compensent » en payant...

Pour conclure, l’auteure dessine un certain nombre de pistes qui permettraient de renverser la vapeur. Celles-ci tournent le dos à l’économie de marché et sa finance. Elles remettent en question un certain nombre de principe, dont celui de propriété privée.