« Pourquoi le terme « féministe » est-il librement approprié à la fois par l’extrême droite, la gauche et le capitalisme néolibéral ? Comment mettre l’antiracisme, l’anti-capitalisme et l’anti-impérialisme au cœur des luttes des femmes ? Que signifient les droits des femmes dans un contexte d’accroissement des inégalités et de la vulnérabilité ? Comment repenser les stratégies de protection afin que cette dernière ne soit pas aveuglement confiée à des institutions qui contribuent à l’accroissement des vulnérabilités, des injustices et des inégalités - police, tribunal, État ? Comment répondre aux violences qui ravagent les corps des femmes, des vulnérables et la planète ? »

Avec vigueur, Françoise Vergès dénonce un certains nombre de faux-semblants en usage dans les mouvements féministes occidentaux. Dans son livre paru en 2019, «Un féminisme dé-colonial», elle montre à quel point des pans entiers du féminisme sont aveuglés par une perception de l’émancipation des femmes qui, se pensant universaliste, tend en fait à reproduire des relations de domination nord-sud, relations durablement gangrenées par l’histoire coloniale, notre pays en première ligne -»litanie macabre». L’autrice clame ainsi l’urgence de repenser un féminisme portant le fer contre toutes les formes de domination, notamment envers les femmes -et les hommes- «racisé.es».

Avec « Une théorie féministe de la violence », livre paru en 2020, l’autrice démontre à quel point il est absurde, voir dangereux, de confier la protection des femmes, des homosexuel.les, des transgenres, des gens de couleurs... à nos institutions, celles-ci étant en réalité garantes d’un ordre intrinsèquement patriarcal et inégalitaire, reposant sur la violence, notamment économique. Vouloir une véritable transformation des relations entre les êtres humains ne peut donc passer que par un renversement de l’ordre établi. 

Pour conclure, Françoise Vergès propose d’aller regarder de plus près ce qui se passe au coeur des luttes menées dans les parties du monde non-occidental et de prêter attention aux déchaînements de colère des jeunesses défavorisées de nos cités.