Le Sénégal s’est embrasé à la suite de l’arrestation le 3 mars dernier de l’opposant Ousmane Sonko, 3e aux dernières élections présidentielles. A l’instar de deux autres personnalités de l’opposition, le président du parti Pastef-les patriotes (libéral) a été incarcéré suite à une plainte pour viol. Ses partisans y voient un complot politique contre le très populaire député.

Pendant cinq jours, des émeutes ont secoué les grands centres urbains du pays, les manifestants dénonçant l’autoritarisme grandissant du président Macky Sall dans ce pays réputé pour sa stabilité. Officiellement, cinq manifestants sont décédés dans le cadre de ce mouvement, onze selon l’opposition ainsi que de nombreux blessés.

Le gouvernement a joué la carte de l’apaisement en relâchant Ousmane Sonko – sous contrôle judiciaire – et en décrétant une journée de deuil national le 12 mars. Toujours est-il que les partisans de Sonko, galvanisés par cette première victoire comptent maintenir la pression afin de battre Macky Sall aux élections présidentielles de 2024.

Plus que la figure de l’opposant, c’est un vaste mouvement de ras-le-bol qui s’est exprimé dans la rue en ce début mars. Les restrictions liées à la crise sanitaire n’ont fait que fragiliser l’économie d’un pays dans lequel le secteur informel reste important. Le chômage des jeunes et la corruption demeurent des thèmes privilégiés pour l’opposition. Le ministre de la justice Malick Sall juge l’affaire Sonko « strictement privée » et s’appuie sur les bons résultats de la croissance sénégalaise pour balayer les critiques.