Lundi 28 septembre, le gouvernement présentait en conseil des ministres le projet de loi de finances (PLF) 2021, préparé par les services du ministère de l’économie et des finances. Les choix portés par ce projet budgétaire revêtent une importance majeure puisque la comptabilité nationale s’y référera toute l’année. Intégrant le plan de relance aux 100 milliards présenté début septembre, le projet de loi de finances pour 2021 conforte sa volonté de privilégier les entreprises, sans attendre quelque contrepartie que ce soit.
 
Avec une volonté clairement affichée de «renforcer la compétitivité» des entreprises, Bruno Lemaire affirme que «[le budget] répond à l’urgence immédiate de dizaines de milliers d’entrepreneurs qui ont besoin de l’Etat pour faire face à la crise.» Il nous chante donc à nouveau ce mauvais refrain qui réclame toujours plus d’allègements fiscaux (ou sociaux) pour les entrepreneurs, dans le but angélique de créer de l’embauche. Il y a peu, c’était pour le CICE, qui nous a coûté de l’ordre de 20 milliards d’euros par an, pour une création d’emplois estimée entre 100 000 et 160 000 (chaque emploi aurait donc coûté à la comptabilité nationale de 650 000 € à 1 000 000 € !).

Or, ces allègements devant permettre de lutter contre une «fiscalité punitive», pour reprendre la formule de Jean Castex, ne se contentent pas de faire passer au second plan services publics et infrastrucures collectives, elles fragilisent aussi tout particulièrement les collectivités locales. La baisse des impôts dits «de production», de l’ordre de 10 milliards par an, se décline ainsi :
- suppression de la part régionale de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), qui affectera les régions, départements et blocs communaux
- réduction de la taxe foncière sur les propriétés bâties des industriels (TFPB) et abaissement du taux de plafonnement de la contribution économique territoriale (CET), qui concerneront les communes et intercommunalités

Dans le contexte sanitaire que nous connaissons, où les collectivités locales ont été au premier rang dans la lutte contre le covid et dans l’assistance portée aux plus fragiles de leurs administrés, à qui il a été demandé d’endosser des responsabilités sans en accorder les moyens, le tout dans un continuo de contradictions et de flou, les annonces budgétaires ont un arrière-goût amer.