Le 9 août dernier, Alexandre Loukachenko fut réélu à la présidence de la Biélorussie. Dénonçant des fraudes, l’opposition enclencha un mouvement de protestation massif qui se répandit dans de nombreuses villes du pays. Pourtant, après un mois de manifestations, le pouvoir ne donne aucun signe de retrait et l’opposition s’essouffle. Il faut dire qu’une grande partie des Biélorusses, tentée à l’origine par un départ de Loukachenko, préfère désormais la stabilité promise par le président au saut dans l’inconnu avec l’opposition.

Élu depuis 1996, Alexandre Loukachenko a mis un coup d’arrêt au démantèlement de l’État social biélorusse en préservant les acquis sociaux de la période soviétique. L’âge de la retraite y est ainsi de 61 ans pour les hommes et de 56 ans pour les femmes. L’économie y est fortement étatisé permettant de maintenir le taux de chômage sous les 1 %. Le savoir-faire des entreprises publiques dans les domaines mécanique ou forestier sont reconnus et permettent de salutaires exportations.
Cependant cette politique s’est accompagnée d’un autoritarisme certain et d’un fort conservatisme social. Une large partie de la classe ouvrière s’est jointe au mouvement de protestation en provoquant des grèves au sein des usines. Il semble bien que les Biélorusses dans leur immense majorité soient attachés à l’État social. La comparaison avec les « révolutions » de couleur qui ont secoué d’autres États post-soviétiques semble donc limitée.
Les leaders de l’opposition en revanche font entendre un autre son de cloche. Réfugiée en Lituanie où elle a reçu le soutien de diverses officines états-uniennes, la candidate malheureuse Svetlana Tsikhanovskaïa a déployé un programme ultralibéral à base de privatisations et de baisses des dépenses publiques. Le soutien russe au régime en place est plus mesuré, Loukachenko ayant joué l’équilibre diplomatique entre Moscou et Bruxelles.

Le Parti communiste biélorusse, membre du gouvernement, a appelé à défendre et à moderniser l’État social.