Emmanuel Macron, le 13 avril et devant 36 millions de téléspectateurs, estimait être « à un moment de vérité, [...] de refondation. » Fort de cette révélation, il envisageait alors de se réinventer, lui le premier. Tout laissait donc penser que le train du macronisme, emporté dans sa folle course libérale, allait s’arrêter, renverser la vapeur et faire machine arrière. En effet, les conséquences désastreuses de la politique menée jusqu’alors devenaient soudain insupportables, mises en relief  notamment par les failles matérielles et humaines du secteur de la santé. Les sonnettes d’alarmes tirées depuis des années par l’ensemble des professionnels du monde hospitalier devenaient enfin audibles... Une « prise de conscience » générale semblait même être en mesure de pouvoir infléchir les décisions gouvernementales pour un «Monde d’après» plus respectueux de l’humain et de son environnement. Nous allions voir de la nature en ville et des citadins à la campagne, des relocalisations et des circuits courts, des services publics à la portée de chacune et de chacun. 
Las, cela aurait contredit malheureusement trop radicalement cette allégeance aux forces du marché tant de fois renouvelée. Il y eût donc, dans la foulée, des promesses de milliards. On a même évoqué, c’était moins coûteux, une « reconnaissance nationale » pour les soignants, afin de donner le change aux applaudissements de vingt heures. Ceux-ci n’auront finalement, après les médailles en chocolat, que la loi Ségur, démantelant un peu plus l’hôpital public.
Dans les faits, avec des promesses volontairement évasives et générales, les beaux discours du printemps ont permis de contenir la colère qui couvait face à l’improvisation gouvernementale.
L’heure est maintenant à la réponse aux engagements pris, au remboursement de l’immense dette morale contractée auprès de toutes celles et de tous ceux qui ont continué à faire tourner le pays tout en mettant leur personne, leurs proches en danger sanitaire. 
Or, le compte n’y est pas. Le fameux plan de relance aux cent milliards montre son vrai visage, en servant la soupe, une fois de plus, aux grandes entreprises et aux profiteurs de la finance. La réforme des retraites, ressortie inchangée de l’ancien monde, est défendue comme devant profiter à tous ces professionnels, dont le travail était essentiel pendant le confinement, qui 
« ne bénéficient pas d’un régime spécial ».
Les masques tombent, la mascarade ne fait plus recette. 
Le 17 septembre prochain, avec la journée d’action qui se prépare, l’occasion sera donnée de montrer que nous ne sommes pas dupes de leurs faux nez.