Deux fois par semaine, Jean-Yves Martin, militant communiste savenaisien et géographe, publie sur les réseaux sociaux de petites chroniques historiques adaptées au format web qui mettent en lumière des événements ou des personnages locaux.
Alors que contenus médiatiques, réflexions, échanges ne tournent qu’autour de l’immédiate actualité, Jean-Yves, propose a ses lecteurs de se plonger dans l’épopée de personnages singuliers et de redonner vie à des instants passés.
Si ses chroniques sont courtes, elles ont le mérite d’être savoureuses et d’éveiller la curiosité. Il n’est pas rare, après leur lecture d’avoir envie d’en savoir un peu plus !
Pour vous mettre en haleine, nous publions ci-dessous une de ses chroniques sur le choléra en Loire-Inférieure :

«Mesures barrières» contre l’épidémie de choléra à Savenay (12 avril 1832).

Dans la première moitié des années 1830, notre région connaît, comme l’ensemble de la France, plusieurs vagues d’une grave épidémie de choléra arrivée d’Asie en 1830. Dans la région, en juillet-août 1832, ce sont surtout les communes du Croisic et de Batz qui sont touchées. En 1834, de nouveau, une seconde vague de l’épidémie touche, en août et septembre, les communes du Croisic, de Batz, puis celles de Guérande, Saint-Nazaire et Saint-Joachim.
Dès avril 1832, le Maire de Savenay, Théodore Mérot, prend des mesures qui peuvent sembler un peu empiriques. Mais elles s’avéreront cependant efficaces puisque, finalement, ni en 1832, ni en 1834 il n’y aura de morts attribuées au choléra à Savenay.

Le Maire de Savenay
Considérant que les progrès journaliers du choléra morbus donnent lieu de craindre qu’il ne fasse invasion dans notre pays ;
Considérant qu’il est d’observation que plus l’air dans lequel on habite est pur, moins on est exposé à cette horrible maladie, qu’il convient donc d’éloigner tout ce qui pourrait donner lieu à des exhalaisons nuisibles ;
Vu l’avis de la commission sanitaire établie à Savenay et adoptant les mesures qu’elle 
conseille ;

 

Arrête :

Art. 1er - Il est ordonné à tous les habitants d’enlever fumiers, terreaux et immondices qui existent tant dans les rues que dans les cours et de les transporter hors ville et de les couvrir de terre. Cet enlèvement devra être terminé sous deux jours. Les habitants des campagnes devront également transporter dans leurs champs les fumiers et terreaux qui sont autour de leurs maisons.
Art. 2 - Les propriétaires ou locataires de maisons qui ont des tours pour l’écoulement de leurs eaux ménagères, devront tenir constamment ces tours dans un parfait état de propreté au moyen de fréquents lavages.
Art. 3 - Ceux qui voudraient faire vidanger leurs latrines ne pourront le faire que la nuit et devront enfouir profondément les vidanges.
Art. 4 - Conformément à la loi du 6 octobre 1791, les corps des animaux morts seront enfouis dans la journée à quatre pieds de profondeur par le propriétaire ou transportés et enfouis à ses frais, sans préjudice des peines de police.
La gendarmerie et le garde-champêtre devront veiller avec soin à l’exécution de cette disposition et donner au Maire toutes les contraventions qu’ils couvriront.
Art. 5 - Il est expressément défendu de mettre les lins à rouir ailleurs que dans les fosses mortes et dont les eaux ne s’écoulent point dans des ruisseaux qui servent à désaltérer les bestiaux ou dans les lavoirs ou abreuvoirs.
Art. 6 - Le boucher établi en cette ville sera tenu d’enfouir de suite hors la ville tous les débris inutiles des animaux qu’il tue, de manière que ces débris ne puissent être déterrés par les chiens. Il devra aussi laver fréquemment l’appartement dont il fait son abattoir.
Art. 7 - Le boucher susdit et les différents charcutiers ne pourront laver les entrailles des animaux qu’ils tuent que dessous les lavoirs et abreuvoirs.
Art. 8 - Les contrevenants aux dispositions qui précèdent seront traduits au tribunal de police et punis conformément à la loi.

Fait en Mairie de Savenay, le 12 avril 1832 Th. Merot