À compter du 20 novembre 2026, l’autorisation de découvert bancaire sera soumise à un encadrement plus strict. De nouvelles exigences entreront en vigueur, notamment pour les découverts supérieurs à 200 € et/ou d’une durée excédant un mois. Ces dispositions découlent de la transposition dans le droit français d’une directive européenne adoptée en 2023. Si cette réforme vise à limiter les risques de surendettement et à mieux encadrer le rôle des établissements bancaires, elle suscite de vives critiques. En effet, ce durcissement pourrait fragiliser davantage les publics les plus vulnérables, pour qui le découvert constitue souvent une bouffée d’oxygène en fin de mois.

Aujourd’hui, chaque banque fixe librement ses propres règles en matière de découvert : montant autorisé, durée, taux d’intérêt… Ce système, bien que flexible, profite largement aux établissements bancaires. Les clients dans le rouge représentent une source de revenus non négligeable, ce qui peut inciter les banques à entretenir cette dépendance.

La directive européenne assimile désormais les découverts bancaires à des crédits à la consommation, dès lors qu’ils dépassent certains seuils. Cela ne signifie pas que les banques ne pourront plus accorder de découvert à l’ouverture d’un compte, mais elles devront désormais respecter des règles strictes : transparence sur les coûts, présentation du TAEG (Taux Annuel Effectif Global), conditions de remboursement, et surtout évaluation de la solvabilité du client. 
Jusqu’ici, un solde négatif régularisé sous 30 jours était souvent considéré comme une simple « facilité de caisse », une forme d’emprunt implicite, peu encadrée et parfois méconnue du client. Dès décembre 2026, tout découvert dépassant 201 € ou s’étalant sur plus d’un mois devra être traité comme un crédit à part entière. Cela implique une information claire et préalable pour le client, ainsi qu’une vérification de sa capacité de remboursement.

Cette réforme pourrait mettre fin à l’automaticité du découvert, ce qui risque de poser problème à plus de 20 % des Français qui se retrouvent à découvert dès le 15 du mois. Toutefois, elle offre aussi une meilleure protection juridique : une banque qui ne respecterait pas ces nouvelles obligations pourrait être sanctionnée pour avoir accordé un crédit sans en avoir le droit.

Difficile de trancher sur les effets à long terme de cette réforme. Si elle renforce les droits des consommateurs, elle pourrait aussi accentuer les difficultés financières de certains foyers. À un problème complexe une solution simple : peut-être qu’une revalorisation des minima sociaux serait une réponse plus équitable à cette problématique ?