La proposition d’une imposition plancher pour les plus riches n’en finit pas d’agiter le débat public. D’un côté, la gauche tient enfin une proposition simple, consensuelle et pratique. De l’autre côté, l’opposition à la taxe Zucman se fait surtout par la voix du patronat. Et notamment le bien mal nommé Medef qui devrait davantage se nommer Mouvement des actionnaires que celui des entreprises.
La proposition initiale est d’appliquer un taux marginal d’impôt de 2 % sur les patrimoines des milliardaires qui profitent souvent d’une législation ultra-favorable pour ne payer quasiment aucun impôt sur le revenu. En France, une proposition de loi a été adoptée en début d’année — puis rejetée au Sénat — pour appliquer un taux de 2 % pour les quelques contribuables à la tête d’un patrimoine de plus de 100 millions d’euros.
La critique principale est que dans le calcul du patrimoine sont intégrés les actifs professionnels. La possession des moyens de production est généralement au fondement des plus grosses fortunes, généralement composée directement d’entreprises ou d’actions. Les exclure revient à vider de toute substance une telle proposition.
Au vu des taux de profits réclamés aux salariés, des dividendes versés et autres marges sans cesse invoquées, réclamer 2 % ne paraît pas être de nature à stopper l’accumulation capitaliste.
Une autre critique vient des «startupers» dont les entreprises ont une valorisation souvent déconnectée des revenus. Ces nouveaux capitalistes profitent fréquemment des levées de fonds pour percevoir de généreuses liquidités. Gabriel Zucman a même suggéré de faire payer ces contribuables en nature en cédant à l’État une part de ces entreprises correspondant au montant dû.
Las, le patronat est toujours vent debout contre cette contribution. Le montant espéré serait pourtant loin d’être anecdotique, de 5 Md€ - pour ses détracteurs - à 25 Md€ - pour ses promoteurs les plus optimistes.
Le Medef est désormais entré en campagne en mettant à la disposition de ses adhérents un kit militant pour interpeller les députés (notamment socialistes). Loin d’être un problème pour l’ensemble du patronat, une des faiblesses de cet impôt est une assiette ultra-resserrée de quelque 1500 à 1800 foyers fiscaux. Cela n’empêche pas le « patron des patrons » Patrick Martin d’appeler à un « énorme meeting » le 13 octobre prochain, meeting qui vient cependant d’être ajourné...
Le gouvernement ayant, de nouveau, chuté, on imagine qu’on a échappé aux barricades enflammées devant Bercy.
