Dulcie September, militante anti-apartheid sud-africaine, était assassinée le 29 mars 1988 à Paris. Lors de l’AG de section de Saint-Nazaire, Michèle Picaud lui rendait hommage :
« Femme, engagée, résistante, déterminée, elle a déployé toute son énergie pour que l’opinion internationale, les gouvernements du monde entier, condamnent sans réserve le régime fasciste, raciste d’Afrique du Sud, régime de dictature et de ségrégation raciale qui aura duré de mai 48 à juin 91. En raison de leur couleur de peau, des dizaines de milliers d’êtres humains étaient traités en esclaves, vivant dans des ghettos, les ratissages meurtriers étaient leur quotidien. La torture était une pratique courante. [...]
De Dulcie, que j’ai eu l’honneur de rencontrer lors de son dernier débat public à Trignac, quinze jours avant son lâche assassinat, je garde les souvenirs d’une femme déterminée, digne, qui expliquait sans relâche l’exploitation des femmes, le calvaire des mineurs, etc.
Ses conseils, ses infos, son enthousiasme étaient pour moi jeune militante très précieux.
L’annonce de son assassinat fut d’abord impossible à concevoir, l’horreur, le dégoût, un immense chagrin, et puis la colère mêlée d’un sentiment d’inachevé pour une si juste cause. [...]
Elle a été lâchée par le gouvernement français qui ne l’a jamais protégée et une partie de l’ANC en Afrique du sud qui préparait la sortie de Mandela. La consultation [des] archives nous a révélé des faits révoltants comme la destruction totale de ses carnets et agendas personnels et des bandes magnétiques, […] des documents historiques qui illustraient le travail accompli par Dulcie September en tant que représentante de l’ANC pour la France, la Suisse et le Luxembourg. [...] Elle [y] dénonçait la compromission française sur des ventes d’armes illégales ! […] La France violait toutes les sanctions votées par les Nations unies et nos Mirages, nos véhicules blindés, notre système de détection Spot étaient utilisés par l’armée et la police sud-africaine et Total fournissait le pétrole.
La question de l’armement n’est-elle pas une préoccupation du PCF ? Avec les communistes, la population de la région nazairienne a été très impliquée à dénoncer ce crime. » Les proches de Dulcie September tentent depuis plusieurs années de rouvrir le dossier, de faire reconnaître les « fautes lourdes » de la justice française dans cette affaire. L’appel était examiné le 2 avril. La décision sera rendue le 10 juin.
« Et si cette vérité conduisait au plus haut sommet des États français et sud-africain ? ».