Ahmet, les mouvements sociaux sont peu fréquents dans le secteur du commerce, peux-tu nous décrire le contexte ? Et d’abord qui est Primark ?

Primark est une chaîne de magasins irlandaise, installée en France depuis 2017 et spécialisée dans la distribution de vêtements à petits prix. Elle met en œuvre une politique sociale désastreuse et, tout en parlant de cohésion de groupe, de dialogue avec les employés, empêche ceux-ci de parler entre eux, les surveille, les flique non stop. La direction ne veut pas qu’il y ait des affinités au travail et marque la différence entre les managers et les autres. Elle cherche à empêcher toute contestation : à Mulhouse récemment, ils ont licencié sept camarades grévistes, mais ça n’empêche pas que ça bouge un peu partout : à Toulon, il y a eu 250 grévistes.

Pour le magasin de Nantes, qu’est-ce qui a pu vous mettre en mouvement ?

Il y avait trop de problèmes, un taux d’absentéisme de 12 %, des burnouts et caetera… Chacun doit faire le boulot de quatre personnes, avec les conséquences qu’on imagine. Quand je suis devenu Représentant du personnel, j’ai découvert que cela me donnait un certain pouvoir, cela m’a permis de faire mettre des avertissements à certains managers, notamment pour des faits de harcèlement. Cela a renforcé le syndicat, et la CGT a enregistré de nombreuses adhésions : nous sommes maintenant 30 syndiqués CGT dans le magasin. Le 22 mai, c’était une soixantaine de salariés qui se sont mis en mouvement, avec l’appui de camarades de l’UL et de membres de la Fédération du commerce de Paris. Il est d’ailleurs question que la Fédé du commerce crée une antenne à Nantes.

Quelles perspectives vois-tu pour le mouvement ?

Nous allons voir comment la direction va réagir, on leur a dit que c’était un signal d’alerte et que nous allions durcir les choses si ça ne changeait pas, ne pas se contenter des réunions RP qui ne servent à rien et voir directement avec la direction nationale de Primark avec l’aide de la Fédération du commerce. Pour commencer, nous allons aux prud’hommes pour soutenir une collègue qu’ils licencient en dehors des clous. S’il le faut, il y aura grève...