NLA : La stratégie industrielle de ArcelorMittal France annoncée par la direction laisse planer des inquiétudes, peux-tu nous en dire plus ?
La stratégie d’ArcelorMittal France semble se focaliser sur la maximisation des profits avec un minimum d’investissements. Lorsque des besoins d’investissement importants se présentent, l’entreprise prétend manquer de financements en raison de marges bénéficiaires insuffisantes en Europe, préférant investir aux États-Unis, au Brésil et en Inde. La CGT alerte depuis un an sur l’arrêt de la production de chrome en Europe, prévu fin 2027 et 2028, menaçant nos lignes de production. Pour y faire face, nous travaillons depuis près de dix ans sur des procédés alternatifs, mais un investissement de 30 millions d’euros est nécessaire pour passer à l’échelle industrielle.
NLA : Quelles pourraient être les conséquences de ces annonces pour le site de Basse-Indre et les autres sites français ?
Les annonces d’ArcelorMittal France vont entraîner des restructurations sur le site de Basse-Indre, notamment des réinternalisations et des fermetures de lignes pour réduire les coûts fixes. La CGT soutient qu’il faudrait plutôt augmenter notre capacité de production ; alors qu’elle était de 420 kt/an il y a quatorze ans, nous peinons désormais à être rentable à 200 kt/an. Avec seulement deux hauts fourneaux en fin de vie en France, Mittal avait prévu d’investir 2,3 milliards d’euros dans de nouvelles installations, soutenues par des subventions de l’ordre de 850 millions d’euros de fonds publics. Cependant, Mittal bloque ces investissements tout en exerçant des pressions sur l’Europe pour protéger ses intérêts. Lors du CSE de février, alors que nous pensions être au fond du trou, notre DRH creuse encore en annonçant la délocalisation de nos centres de service (Paye, informatique, vente, marketing, RH, supply chain). Ils vont devoir se mettre à l’heure indienne, mettant en péril nos emplois de Saint-Denis, de Pologne et aussi de notre site.
NLA : Comment les salariés de l’entreprise envisagent l’avenir de la sidérurgie française et quelles propositions formulent-ils ?
Les salariés de l’entreprise ressentent une profonde inquiétude quant à l’avenir de la sidérurgie française en général et du site de Basse-Indre en particulier. Entre les interdictions de production de chrome et les enjeux de décarbonation, ils se sentent perdus et craignent pour leur emploi. La délocalisation des fonctions supports en Inde accentue leurs inquiétudes. Les salariés sont attachés à leurs outils de production, que M. Mittal semble vouloir détruire. L’usine appartient à Mr Mittal mais ce sont les salariés qui la façonnent et la font vivre depuis 200 ans. Le climat social est tendu en ce moment car la direction ne donne aucune information, provoquant l’indignation des salariés.