Le rapprochement fait par le journaliste Jean-Michel Aphatie entre le massacre commis par les nazis à Oradour-sur-Glane et ceux que les soldats français ont perpétrés pendant la conquête de l’Algérie n’est pas passé chez un certain nombre d’auditeurs de RTL, enclenchant des signalements auprès de l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, puis la suspension d’antenne d’une semaine pour le journaliste. Celui-ci, d’ailleurs, réaffirmant ses propos, ne reviendra pas à RTL.
La pression exercée par les tenants des contorsions historiques et autres révisionnistes adeptes d’un récit national édulcoré aura donc eu raison du journaliste et de la vérité des faits. Pour rappel, ces deux citations du général Saint-Arnaud écrivant à son frère : « J’ai laissé sur mon passage un vaste incendie ; tous les villages, environ deux cents, ont été brûlés, tous les jardins saccagés, les oliviers coupés » et, quelques jours plus tard : « On a jeté les Kabyles dans les ravins et on leur a tué plus de deux cent hommes, brûlé de superbes villages et maintenant on coupe les oliviers. »*
Cette affaire, que la mise sur le côté d’un journaliste qui ne faisait que rappeler des faits trop souvent minorés, révèle, outre la force de censure des médias dominants, qu’une grande partie de nos concitoyens de droite et d’extrême droite continue de fantasmer un temps des colonies idéalisé, incapable d’admettre la violence sur laquelle reposait la domination des colonisateurs sur les colonisés, continuant de manifester une attitude de morgue et de mépris à l’égard des peuples qui ont eu le malheur de vivre sous le joug colonial.
* citations tirées de La première guerre d’Algérie, Alain Ruscio (éd. La Découverte)
