Le rapport de la Cour des comptes du 25 janvier dernier étrille la Direction générale des Finances publiques (DGFiP). En cause : la plateforme « Gérer mes biens immobiliers » (GMBI) mise en place depuis quatre ans dans le cadre de la suppression de la taxe d’habitation sur les résidences principales.
Cet outil informatique devait permettre aux propriétaires de procéder à la déclaration de leur bien et d’automatiser le calcul des impôts fonciers. Las, malgré les nombreuses alertes des syndicats du personnel, les têtes pensantes de Bercy ont imposé sans concertation une plateforme loin d’être prête.
Comme prévu par les agents, GMBI est depuis un échec dans les grandes largeurs. Face à la complexité de la plateforme et à l’envoi erroné de milliers d’avis de taxe d’habitation sur les résidences secondaires et sur les locaux vacants, les services d’accueil ont été débordés.
Le nombre de messages relatifs aux biens immobiliers est ainsi passé de 110 000 à 2,8 millions en un an. Face à cet afflux auquel les services n’étaient pas préparés, la DGFiP a tout simplement choisi de supprimer un grand nombre de demandes jugées trop anciennes, privant ainsi les redevables de leur droit à un égal accès au service public.
Les agents, en plus de voir leurs métiers dégradés, ont dû faire plus avec moins, GMBI s’accompagnant d’une nouvelle purge de 700 emplois en deux ans. Les risques psychosociaux se multiplient et la souffrance explose au travail, en particulier au cadastre, en première ligne face au choc.
Enfin, GMBI est un désastre financier pour l’État. Le produit de ces impôts locaux étant acquis aux collectivités territoriales, l’État a pris en charge les dégrèvements afin de ne pas léser celles-ci. La Cour des comptes chiffre à 1,3 milliard € le coût total de l’opération.
Le rapport de la Cour des comptes est un réquisitoire appelant l’administration à revenir sur sa politique d’externalisation et de dématérialisation à tout va. Pour la CGT des Finances publiques, dans une lettre ouverte à la Directrice générale le 14 février, « détruire des emplois ou privatiser des missions, c’est remettre en cause la justice fiscale, pilier de notre démocratie ».
