« Flood the zone », inonder le terrain, c’est ainsi que Steve Bannon, figure de l’extrême droite américaine et conseiller de Donald Trump durant son premier mandat, nomme la stratégie de gouvernance du président des États-Unis. L’idée est d’enchaîner les déclarations médiatiques chocs afin de ne pas laisser de temps de réaction à l’opposition, aux médias et aux dirigeants étrangers.

Et les distractions médiatiques ne manquent pas pour noyer dans la masse d’informations les protestations grandissantes contre l’administration Trump : augmentation des droits de douane (déjà effectifs sur l’acier et l’aluminium mais bientôt élargis à de multiples secteurs d’activité), menaces d’annexion du Groenland, plan de transformation grotesque pour le territoire palestinien de Gaza ou encore attaques contre le président ukrainien et reprise des éléments de langage russes.

À coup d’annonces grandiloquentes et de décrets, Donald Trump monopolise l’activité médiatique. Mais sur les 68 décrets signés en à peine un mois de gouvernance, ceux qui visent une modification de la constitution se heurtent aux suspensions par les juges fédéraux américains.

Cependant, la plupart des décisions prises par le gouvernement se retrouvent appliquées. Que ce soit dans le recul des droits civiques, la réduction du personnel de l’administration fédérale ou tout simplement la défiance des institutions démocratiques, Donald Trump continue d’inonder le terrain et veut faire croire qu’il peut agir à sa guise. 

Cette stratégie politique dépasse bien les frontières américaines, que ce soit sur la résolution du conflit russo-ukrainien où le président américain affaiblit fortement son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, l’excluant des négociations organisées en Arabie Saoudite avec la Russie et allant même jusqu’à le qualifier de « dictateur sans élection ». Ou bien dans la vie politique européenne lors de la conférence de Munich où l’intervention du vice-président américain, JD Vance, vise à critiquer les démocraties européennes et à promouvoir les partis d’extrême droite.