NLA : La crise de l’automobile française et européenne est-elle une crise structurelle ou s’agit-il d’une crise momentanée liée à la conjoncture économique ?
La crise de l’industrie automobile est liée à trois facteurs : la Covid, la guerre en Ukraine et la pénurie de composants automobiles. Avant la Covid les carnets de commandes pour les sous-traitants étaient pleins jusqu’en 2026. Là où l’industrie a perdu environ 14 % de ses emplois salariés en 20 ans la filière auto en a perdu 28 %, soit environ 76 500 postes. La production de voitures en Europe a chuté entre 2019 et 2022 avec une légère hausse en 2023. Mais le nombre de voitures nouvelles immatriculées dans l’UE reste inférieur à ce qu’il était prévu avant la pandémie en 2019.
Renault et Peugeot ont déjà annoncé la fin de la production de voitures thermiques en 2030. Ils sont des clients indispensables et des donneurs d’ordres. À la Fonderie de Bretagne, Renault est en train de les laisser mourir et Peugeot fait exactement la même chose avec ses sous-traitants. Pour survivre il va falloir que l’industrie auto française et européenne s’adapte aux nouvelles technologies et repousse les nouveaux concurrents comme Tesla ou les voitures chinoises. Et l’Europe part de loin...
NLA : Quelles sont les entreprises du département concernées par la sous-traitance automobile ?
Les équipementiers de l’automobile sont présents sur tout le département : Lydech et Man Energy Solutions à Saint-Nazaire ; Tristone Flowtech France à Carquefou ; Fives Filling and Sealing au Bignon; Terrena services à Ancenis ; Shaper’s France à Aigrefeuille-sur-Maine, RBL à Châteaubriant… Au total ce sont près de 3000 emplois.
NLA : Comment les organisations syndicales envisagent la lutte pour défendre la production automobile en France ?
En ce qui concerne la CGT, nous nous battons contre la restructuration de la filière et ses conséquences. Nous élaborons des propositions industrielles pour dessiner un autre avenir du secteur automobile. Nous travaillons sur la proposition de loi de GM&S (entreprise de la Creuse rachetée en 2017 où la moitié des emplois ont été supprimés), sur les responsabilités des donneurs d’ordres en France.
Au salon de l’auto 2024 nous avons manifesté pour défendre les emplois de la filière. La voiture électrique à bas coût de Renault est produite en Chine pour être vendue en France. Les aides publiques doivent être contrôlées ! Il serait tout à fait possible de produire en France un petit véhicule électrique abordable pour les trajets quotidiens. Nous possédons le parc automobile le plus vieillissant de l’Europe. Un meilleur pouvoir d’achat permettrait aux utilisateurs de changer de voiture et ce serait mieux pour l’environnement.
