Il n’y a pas lieu de parler de dépassement du plafond des dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, ni d’abus de faiblesse à l’encontre de Liliane Bettencourt, ni de marchés de fournitures de sondages, ni encore d’une proximité avec un Bernard Tapie très favorisé. Il ne s’agit pas d’évoquer des rétrocommissions sur des ventes d’armes finançant la campagne d’Edouard Balladur ni des liens de l’ancien président avec le Qatar. 

Par contre, le fait d’un Président de la République condamné à trois ans de prison, dont un ferme à purger sous bracelet électronique pour corruption et trafic d’influence, ainsi qu’une interdiction des droits civiques de trois ans est une première dans l’histoire de la Cinquième République. Nicolas Sarkozy – alias Paul Bismuth -, en tentant d’obtenir des informations secrètes d’un magistrat à la Cour de cassation concernant des enquêtes judiciaires en cours, notamment l’affaire Woerth-Bettencourt – possible financement illégal de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, fraude et évasion fiscales – s’est clairement mis hors-la-loi, tout en piétinant le principe de séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire, cher à Montesquieu. Celui-ci, d’ailleurs, estimait que la vertu politique représentait le ressort même de la démocratie.

Mais il y a peut-être pire, et l’affaire actuellement jugée – du 6 janvier au 10 avril 2025 – relève de l’international et des liens privilégiés de Nicolas Sarkozy avec feu le dictateur Mouammar Khadafi. Celui-ci aurait financé largement la campagne présidentielle de 2012 de notre justiciable. Y-avait-il contrepartie ? Les juges parlent de « recel de détournement de fonds publics », de « corruption passive », de « financement illégal de campagne électorale » et d’« association de malfaiteurs ». L’ancien président encourt cette fois dix ans de prison et 375 000 euros d’amende !

Il est intéressant de relever les déclarations de Franck Louvrier (LR), maire de La Baule, dans Presse Océan. Celui-ci considère que la « judiciarisation » de la vie politique « amène à avoir un doute sur nos élus », que le bracelet électronique est une humiliation « pour un ancien chef de l’État ». Selon une partie de la droite, carte blanche serait donc donnée à leurs élus dans la conquête du pouvoir, les mettant hors de portée de la justice et devant bénéficier de peines non humiliantes ! 

Devant la consternation que provoquent les affaires successives de Nicolas Sarkozy et de ses complices, ministres, juges, avocats... il n’y a rien d’étonnant à ce que les citoyennes et citoyens s’abstiennent aux élections, voire à choisir le pire : le bulletin de vote RN, celui qui prospère sur la fange.