Après une offensive éclair de douze jours, Damas tombait aux mains du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC), émanation de la formation Jabhat al-Nosra, longtemps branche syrienne d’al-Qaida. Partis de la province d’Idleb où différentes factions s’étaient regroupées dès 2015 sous l’autorité d’Abou Mohammed al-Jolani, les combattants d’HTC, aidés par les milices pro-turques de l’ANS (Armée nationale syrienne), ont fait tomber la dictature de Bachar al-Assad le 8 décembre dernier. Après plus de cinquante ans de mainmise des al-Assad, Bachar ayant succédé à son père Hafez, les principales villes de Syrie ont connu d’importants mouvements de liesse populaire.
Le nouveau pouvoir, dirigé par Abou Mohammed al-Jolani qui reprend son nom d’Ahmed al-Charaa, a très vite recherché à desserrer l’isolement imposé à la Syrie qui avait fait suite à la répression du soulèvement populaire de 2011. Tout en tentant de maintenir des relations avec la Russie et l’Iran, principales puissances lésées par la chute de Bachar al-Assad et en s’appuyant sur l’allié turc, le gouvernement provisoire de Damas multiplie les déclarations propres à permettre la reprise des contacts avec l’occident. C’est dans le cadre de cette ouverture que les ministres français et allemands Jean-Noël Barrot et Annalena Baerbock, intervenant « sous mandat de l’Union européenne », ont rencontré le nouvel homme fort de la Syrie le 3 janvier.
Cependant, les populations restent circonspectes et les multiples minorités présentes dans le pays craignent pour leurs droits, d’autant plus que les exactions à leur encontre ne cessent pas. Les plus récentes déclarations des djihadistes sur le devoir des femmes à ne pas outrepasser « les priorités de leur nature créée par Dieu » ou concernant les programmes scolaires n’augurent rien de bon.