L’accès aux soins est aujourd’hui une réalité de plus en plus complexe à vivre. La désertification médicale touche aussi bien les zones rurales que les zones urbaines, avec des médecins non remplacés ou n’acceptant plus de nouveaux patients. Parallèlement, certaines spécialités comme la pédiatrie, l’ophtalmologie et la gynécologie disparaissent dans le secteur ambulatoire, tandis que des professions telles que la médecine du travail et la médecine scolaire sont en déclin. L’hôpital public n’échappe pas à cette crise, avec des files d’attente interminables aux urgences et des délais de plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous.

Cette situation trouve ses origines dans des choix politiques remontant aux années 80. À cette époque, les pouvoirs publics ont décidé de réduire drastiquement le nombre de médecins formés en instaurant un concours très sélectif dès la fin de la première année d’études. Le nombre de médecins formés chaque année est ainsi passé de 10 000 à seulement 2 700, avant de légèrement augmenter ces dernières années pour atteindre environ 7 500 diplômés par an.

L’approche libérale du système de santé n’a pas su anticiper l’évolution démographique ni les nouveaux besoins en matière de santé, tels que l’allongement de l’espérance de vie et la multiplication des maladies chroniques. La pénurie de médecins retarde la prise en charge des patients, entraînant des conséquences coûteuses pour la société. Plus les maladies sont prises en charge tardivement, plus leur traitement devient onéreux. Par ailleurs, cette crise de l’accès aux soins contribue à accentuer les inégalités, qu’elles soient sociales ou géographiques. 

Il est donc urgent d’adopter une véritable politique de santé publique adaptée aux besoins réels de la société. Cela nécessite une réorganisation du système de santé, en particulier de la formation et la mise en place de dispositifs d’accompagnement, tels que des bourses d’études et des prêts étudiants avantageux, pour encourager les jeunes à s’installer dans des secteurs sous-dotés, notamment en milieu rural. Par ailleurs, il est essentiel de soutenir les autres professionnels de santé, tels que les infirmières, en améliorant leurs conditions de travail et en revalorisant les salaires pour les attirer vers le secteur public ou les zones sous-médicalisées.

L’enjeu est essentiel : pour garantir un accès aux soins de qualité pour tous, il est impératif de repenser en profondeur l’organisation des soins, en y intégrant une approche globale axée sur la prévention, la réorganisation des formations et le soutien aux professionnels.